

Dans "La Terre a soif" (Fayard), Erik Orsenna fait un tour du monde des grands fleuves. Il est notre invité.
- Erik Orsenna Écrivain, membre de l’Académie française
Erik Orsenna a été au plus près de 33 grands fleuves partout dans le monde. Il en a fait un livre : La Terre a soif (Fayard). Et l'auteur tire de ce voyage toute une réflexion autour de la pénurie d'eau.
À l'origine
À l'origine de ce livre, un tour du monde de deux ans et demi pour aller à la recherche de l'eau. Erik Orsenna explique qu'il y a 15 ans, il avait fait avait appelé le récit de cette aventure : "L'avenir de l'eau". À son retour, on lui avait assuré que : "Jamais la France ne manquera d'eau". Il a continué à travailler sur ce sujet car pour lui : "L'eau est la première des matières : sans eau, pas d'énergie, ni d'agriculture. Les fleuves sont encore plus intéressants, car si l'eau est une matière, les fleuves sont des êtres vivants".
L'eau miroir de la société
L'écrivain précise les raisons de son intérêt : "L'eau est un miroir, mais pas pour voir sa gueule, pour voir notre civilisation. Dis-moi comment tu produis l'eau, à quel prix et au bénéfice de quelle partie de la société et si tu la respectes… Je te dirais très clairement à quel type justement de société tu appartiens. C'est passionnant."
Sur les traces de Pasteur
Jusqu'où Erik Orsenna s'investit pour sa passion pour l'eau ? "Il y a cinq ans", explique-t-il, "On a fondé avec la Compagnie nationale une association, Initiative pour l'avenir des grands fleuves. Nous avons réuni 20 gestionnaires de fleuves du monde entier et de toutes les disciplines : ingénieurs, géopoliticiens, historiens, spécialistes des religions, de la santé… Parce qu'il se trouve qu'à l'Académie française, je suis au fauteuil de Pasteur."
Un cercle vicieux
Des camions extrêmement polluants encombrent l'autoroute du soleil alors qu'ils devraient naviguer sur le Rhône. Pour Erik Orsenna : "Dans la vie, tout est lié, il y a toujours une liaison entre les différents éléments. Par exemple, si vous n'avez plus d'eau, ce qui est le cas pour le Rhône, et pour la plupart des fleuves français, vous ne pouvez plus faire de nucléaire. Comment vous allez refroidir les centrales avec de l'eau déjà chaude ? Ensuite, 70 % de la consommation d'eau est liée à l'agriculture. Si le niveau baisse, évidemment, vous pouvez plus emprunter des barges pour circuler. D'où la multiplication des camions. Et plus on augmente les camions, plus on émet de CO2, et plus le climat se dérègle et plus les eaux diminuent…"
Changer de comportement
Étant donné la rareté de l'eau qui se profile, nous allons devoir apprendre des choses que nous ne savons pas faire, explique Erik Orsenna : "Premièrement, la décentralisation, car l'histoire du Rhône, n'est pas la même que celle de la Garonne, qui est différente de la Loire... Il va falloir affiner nos préconisations : il y a plusieurs solutions et pas une seule. Troisièmement, nous allons apprendre le partage sans se taper dessus, et à nous interroger : "Est-ce qu'à des endroits, on peut faire des retenues d'eau, à d'autres, pas… ?"
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