

Depuis plus de 20 ans, le père Matthieu Dauchez vient en aide aux enfants abandonnés des rues de Manille.
Avec sa Fondation Anak-tnk, le père Matthieu Dauchez accueille les enfants des rues philippines dans des foyers d'insertion.
Il dit avoir commencé son engagement par orgueil, car un ami lui avait dit qu'il n'en serait pas capable, et qu'il s'était senti piqué au vif. Matthieu Dauchez était alors séminariste en France. Il part aux Philippines en 1998, avec quatre autres personnes, un prêtre jésuite qui fondait l’œuvre sur place, et trois autres séminaristes. Il avait 23 ans et a désormais passé plus de la moitié de sa vie aux Philippines.
En arrivant sur place, le père prend une douche froide, en voyant la vie des enfants des rues. Depuis, il tente de sauver de l'enfer les jeunes sur place. Aujourd'hui, la fondation a 200 employés, entre autres des éducateurs, des psychologues, des assistantes sociales, qui agissent quotidiennement, en se rendant dans la rue jour et nuit*.*
Qui sont ces enfants dans les rues de Manille ?
Le prêtre explique qu'il y a plusieurs manières d'être à la rue pour un enfant. Certains sont envoyés pour travailler dans la rue par leurs familles, dans les bidonvilles. Ces enfants-là ne sont pas coupés de leur entourage. Mais Matthieu Dauchez explique que la grande majorité des enfants qu'on retrouve dans la rue ont dû fuir le foyer familial à cause d'abus physiques ou d'abus sexuels. Et ils se retrouvent dans la rue à être confrontés à tout un tas de dangers, mais surtout ils ont au fond du cœur cette impression que, contrairement à tous les enfants du monde, ils ne sont pas dignes d'aimer et d'être aimés. "Ça, c'est le plus violent pour nous", confie le père Dauchez au micro de Sonia Devillers.
Il explique qu'il a constaté une évolution inquiétante depuis 20 ans : "En 1998, il y avait une majorité de garçons. Il faut savoir que les Philippines, c'est une société matriarcale et du coup on protège beaucoup les filles. Avant c'était surtout des garçons à la rue, mais maintenant c'est quasiment kif-kif. Donc il y a de plus en plus de filles et c'est certainement le signe d'une misère galopante."
Une autre évolution le préoccupe également : "Un autre signe, c'est qu'on voit des tout-petits. Il y a des bébés de quelques mois. Certains sont tout bonnement abandonnés, pour d'autres il y a des fratries qui fuient le foyer familial et le grand frère ou la grande sœur part avec le petit frère et la petite sœur pour le ou la protéger . Et ils se retrouvent dans la rue à s'occuper de leurs petits frères ou petites sœurs. C'est hallucinant."
La pédocriminalité gangrène les Philippines, et le père Matthieu Dauchez et sa fondation sont obligés de se battre contre ce fléau au quotidien. Il explique : "Les enfants des rues, ce sont des proies faciles et on s'approche d'eux pour promettre un petit peu d'argent. Et puis, mettez-vous dans la tête d'un enfant qui se voit comme un objet. Il ne se sent pas digne d'aimer et d'être aimé. C'est un objet, donc un objet, vous en faites ce que vous voulez. Donc finalement, ils finissent par accepter, pour se faire de l'argent, d'être traités n'importe comment."
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