Pascal Picq : "Nous ne descendons pas des singes, nous sommes des singes"

L'anthropologiste Pascal Picq en septembre 2016
L'anthropologiste Pascal Picq en septembre 2016 ©AFP - JACQUES DEMARTHON
L'anthropologiste Pascal Picq en septembre 2016 ©AFP - JACQUES DEMARTHON
L'anthropologiste Pascal Picq en septembre 2016 ©AFP - JACQUES DEMARTHON
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Le célèbre paléoanthropologue et maître de conférence au Collège de France a dirigé un documentaire exceptionnel, "Premier Homme", diffusé ce soir sur M6.

Il y a 25 millions d'année, la Terre était "la vraie planète des grands singes" selon Pascal Picq, directeur scientifique du documentaire "Le Premier Homme" diffusé ce mardi soir sur M6, inspiré du livre qu'il a signé l'an dernier. "Il y avait une centaine d'espèces connues alors qu'aujourd'hui nous ne sommes plus que cinq : nous-mêmes, les gorilles, les champanzés et les bonobos", explique l'anthropologiste.

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Et parmi eux, un être plus évolué que les autres : "C'est un fossile, Perola, retrouvé en Espagne, qui se développe et acquiert une plus grande taille que les autres. Or quand on est plus grand se déplacer dans les arbres devient plus difficile : ils passent sur deux pattes", explique le chercheur qui parle de "bipédie assistée, en se tenant à un bâton", ou d'une habitude de se suspendre. "Ce sont les origines des bipédies qui se manifestent dès ce moment".

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Ces primates prennent aussi l'habitude de faire leur lit, car "bien dormir c'est surtout se sentir en sécurité". Comment les équipes de chercheurs ont-elles réussi à identifier ce comportement ? "On part de l'idée que tels enfants, tels parents : si on voit que tous les enfants à partir de Perola fabriquent des nids dans les arbres, on considère que ça vient de là", explique Pascal Picq.

Le premier singe à se déplacer sur deux pattes est appelé Tumaï, et marque une période où l'on passe de groupes de femelles soudés alors que les mâles migrent pour se reproduire à l'inverse (mâles groupés et femelles migrantes). Elle marque aussi l'apparition des premiers phénomènes politiques : "A partir du moment où on a des mâles coalisés, il y a des phénomènes politiques et des guerres qui se développent, avec des outils et des stratégies complexes, beaucoup plus humaines qu'on croyait".

Mais alors, Lucy n'est-elle pas notre grand-mère à tous, comme on l'a longtemps pensé ? Ce n'est pas si évident, selon Pascal Picq : "Vers 2,5 millions d'années, il y a un petit réchauffement climatique, et parmi les australopitèques, une partie va aller vers la mastication d'aliments coriaces, avec des mâchoires démentes, et une autre lignée va aller vers la consommation de viande et vers des espaces plus ouverts", explique-t-il.

Finalement, si ce n'est pas la bipédie qui sépare l'homme de l'animal, qu'est-ce que c'est ? "C'est surtout le langage, le feu et surtout la deuxième coévolution : à partir de -2 millions d'années, les vrais hommes, Homo Erectus, créent des espaces techniques et culturels qui vont les amener à évoluer très vite". Il ajoute : "Ce qui fait l'humain, c'est sa capacité à s'installer dans des récits : c'est ce qu'on appelle la cosmétique, nous sommes les seuls à nous transformer avec du maquillage, des coiffures, des vêtements".

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