La superficie, les espaces de rangement, la hauteur sous plafond… On avait l’impression que l’on construisait des appartements de plus en plus petits. Ce qui était un ressenti, est confirmé par plusieurs données objectives. Un référentiel sur la qualité des logements a été rendu public.
Après l’association Qualitel, qui a alerté sur le sujet au niveau national, l’Institut des Hautes études sur le logement a épluché avec des étudiants en urbanisme, les plans de milliers d’appartements en Ile-de-France. L’étude s’étale sur les 20 dernières années et le constat est sans appel. Catherine Sabbah, la directrice de L’Institut IDEHAL :
Si l’on veut résumer les choses, les appartements ont diminué de taille, globalement et pour certaines pièces. Les 5 pièces ont perdu 15 m2. Les 4 pièces ont perdu près de 10 m2. Les 3 pièces 2 m2 et demi. Les T2 et les T1, donc 2 pièces, studio ont perdu 2 à 1 m2 mais ce sont déjà de petites surfaces.
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En 20 ans, les appartements neufs ont perdu jusqu’à 15 % de leur surface – une baisse de la qualité qui va de la superficie à l’exposition. Et puis, la hauteur sous plafond diminue. Si la taille moyenne des Français a pris 7 cm depuis 60 ans, la hauteur sous plafond des appartements a perdu 27 cm durant cette période.
On construit des appartements de plus en plus petits. La faute à qui ?
La responsabilité est collective. Tout le monde se renvoie la balle, promoteurs, aménageurs, collectivités, politiques... Entre le coût du foncier qui ne cesse d’augmenter, le poids des réglementations et des normes pour construire, ce que veulent les élus et la solvabilité des ménages à prendre en compte… C’est tout un système qui produit des effets pervers.
Au-delà du constat, que faire pour inverser la tendance ?
Le ministère du Logement a confié une mission à l’architecte François Leclercq et l’aménageur Laurent Girometti pour rendre des propositions sur un référentiel de la qualité du logement. Ils y travaillent depuis des mois et viennent de rendre un rapport. Les logements sont de plus en plus mono-orientés, il n’est pas rare de voir des T3, des 3 pièces, de 56 m2.
Ils préconisent déjà que dans les constructions neuves, les chambres fassent un peu plus de 10m2 et que les trois pièces fassent au minimum une surface de 62 à 63 m2. Des chambres un peu plus grandes et plus de possibilités d'aménagements pour les occupants. Francois Leclercq architecte et co auteur du rapport :
Une surface minimale plus importante permet entre autre que la cuisine soit possiblement indépendante. Ce qui est très rare maintenant. La cuisine dans ce fantasme de la grande pièce commune est reléguée en fond de séjour comme une sorte de placard ouvert.
Des logements évolutifs dans le temps avec de plus grands espaces de rangement, davantage d’espace extérieurs, une meilleure luminosité…Avec les surfaces minimales, le référentiel sur la qualité du logement permettrait d’éviter des abus, des dérives.
Quelles sont les prochaines étapes de ce rapport ?
Des décisions seront annoncées mi-octobre par le ministère du Logement. Il est déjà prévu que ce référentiel sur les surfaces minimales s’applique à des dispositifs d’aide à la construction (comme Le Pinel pour les investisseurs)
Au-delà, c’est une prise de conscience. Toute la chaîne du logement est concernée. Acteurs publics comme privés. Mais Inciter sans contraindre. Faire mieux sans que cela coûte plus cher. Maîtriser des prix avec des chartes locales dans les villes et maîtriser le coût du foncier. Sans oublier les fondamentaux : prendre en compte les innovations, les attentes et les modes vies des habitants (espaces partagés, télétravail...). Concilier qualité environnementale et qualité d’usage. Avec ce défi à relever : produire – dans la location comme dans l’accession - du logement abordable.
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