Chronotopie et clé des temps, "l’auto-partage" des bâtiments

Aménager le temps dans les bâtiments, ça veut dire déployer le potentiel d’accueil, des fonctions et besoins des espaces existants.
Aménager le temps dans les bâtiments, ça veut dire déployer le potentiel d’accueil, des fonctions et besoins des espaces existants. ©Getty - Kenny Williamson
Aménager le temps dans les bâtiments, ça veut dire déployer le potentiel d’accueil, des fonctions et besoins des espaces existants. ©Getty - Kenny Williamson
Aménager le temps dans les bâtiments, ça veut dire déployer le potentiel d’accueil, des fonctions et besoins des espaces existants. ©Getty - Kenny Williamson
Publicité

Lutter contre les espaces vacants, mieux répartir l’utilisation des lieux, repenser l’intensité d’usages…et si l’on aménageait différemment le temps et les activités dans les bâtiments ?

L’idée n’est pas nouvelle mais c’est une tendance qui gagne du terrain. En finir avec les gaspillages. Des bureaux sous utilisés, des bâtiments ouverts de 8h à 18 h mais pas le soir et les WE. Aménager le temps dans les bâtiments, cela veut dire déployer le potentiel d’accueil, des fonctions et besoins des espaces existants. C’est réfléchir aux différents usages que l’on pourrait mettre en place à plusieurs moments de la journée. Benjamin Pradel, sociologue, urbaniste :

« Avant, on avait des bâtiments avec une seule fonction : bureau, commerce, activité sportive, activité pédagogique, école... dans un bâtiment sur un temps précis. Aujourd’hui, on se dit que l'on peut mixer les fonctions et les usages sur un bâtiment à plein de moments différents : le matin, le midi, le soir, la nuit, pendant les vacances. »

Publicité

Cette pratique s’appelle la chronotopie. Elle est encore assez balbutiante. Elle pose beaucoup de questions en termes de gestion, d’entretien, de production, de coût, de financement mais…à l’heure où l’on parle de sobriété foncière et de réutiliser l’existant…c’est complètement dans l’air du temps..

Quelques exemples d’une rotation de courte durée dans un bâtiment

C’est un gymnase scolaire, qui le soir, va accueillir des associations sportives d’un quartier. Et qui, pendant les vacances, va s’ouvrir à d’autres types d’associations, d’autres activités - des cours de langue, des cours de danse…. Ce sont par exemple, des bureaux d’une entreprise qui vont devenir le temps d’un week-end, un espace de réunion, loué à d’autres sociétés ou d’autres structures associatives. Benjamin Pradel :

« En fait, le principe c’est de penser la ville et les bâtiments comme des salles polyvalentes. Que beaucoup de gens connaissent dans le centre de leur commune qui accueillent différentes fonctions, différentes personnes, associations etc… C’est appliquer le principe de la salle polyvalente au maximum de bâtiments possibles. »

Et pour les temps longs, pour les constructions, c’est penser la réversibilité des usages…pouvoir en amont transformer les bureaux en logements. L’idée de mutualiser les bâtiments, ça veut dire aussi la consommation énergétique, les investissements… c’est la question de l’occupation temporaire des bâtiments vacants, l’urbanisme transitoire. C’est une autre forme de chronotopie.

Des expériences vont-elles être menées ?

Oui et certains élus militent même pour aller plus loin comme par exemple dans un quartier parisien qui pourrait devenir un terrain d’expérimentation de la mixité d’usage. Eléonore Slama, maire adjointe du 12ème, chargée du logement et de la lutte contre les inégalités :

« Je propose qu’à Paris dans le 12ème arrondissement, nous inscrivions dans le cahier des charges du futur quartier Bercy Charenton, la dernière grande emprise foncière de la capitale, le dernier grand quartier qui verra le jour dans les prochaines années, je propose que l'on réfléchisse à une intensité d’usages exemplaire pour que ce site-là, soit vraiment un laboratoire. »

Un laboratoire à ciel ouvert pour déployer l’intensité d’usage, et proposer des bâtiments à Haute Qualité Temporelle. Tenter d’en finir avec le gaspillage des mètres carrés. Mieux utiliser les ressources cachées de nos villes. "L’auto partage" des bâtiments, c’est un peu revoir la clé des temps.

Aller Plus loin

Benjamin Pradel, sociologue, urbaniste (Kaléido'scop) co fondateur d' Intermède

Eléonore Slama, maire adjointe du 12ème arrondissement de Paris, chargée du logement et de la lutte contre les inégalités

Luc Gwiazdzinski, géographe, urbaniste, professeur à l'Ecole nationale supérieure d'architecture de Toulouse spécialiste des questions sur la ville, le temps, les rythmes, la nuit, les mobilités et la géographie situationnelle.

Entretien Sylvain Grisot, urbaniste, avec Luc Gwiazdzinski Prendre le(s) temps de la ville

L'urbanisme transitoire