

Maison, déménagement, transports, voisinage... de la grande ville à la commune rurale, coup de projecteur sur une étude menée à grande échelle sur les aspirations des Français et leur rapport au logement.
- Julien Damon Sociologue, professeur associé à Sciences Po
Etude menée par Procivis qui intervient sur toute la chaîne du logement avec l’institut de sondage Harris interactive et la Fondation Jean Jaurès. Une enquête à grande échelle sur les Français et le logement (10 000 répondants).
Parmi les principaux enseignements de l’étude, tout d’abord le changement de lieu de vie. Durant leur vie d’adulte, les Français vivent en moyenne dans 4 logements différents. Ceux qui ont grandi dans une maison aspirent davantage que les autres à vivre dans une maison. Et puis, plus on prend de l’âge, plus il y a une volonté de retrouver le logement de son enfance. Le sociologue Julien Damon, pour la Fondation Jean Jaurès :
Ca peut paraître évident quand on le raconte mais c’est assez intéressant à lire. Les trajectoires de logement que décrit cette étude, si l'on devait les caricaturer ou les dessiner en moyenne : on cherche toute notre vie à trouver un logement qui nous corresponde bien évidemment mais ce logement correspond un peu à ce que l’on a vécu pendant l’enfance. C’est ça qui est intéressant, c’est une trajectoire de logement que l’on pourrait baptiser une trajectoire de reproduction résidentielle.
Parmi les rêves : être propriétaire d'une maison à la campagne. La crise sanitaire a d’ailleurs accentué ce désir. Pour près de 8 Français sur 10, la maison constitue le logement idéal. De manière tout aussi nette, les Français ont un souhait de devenir propriétaire. Et notamment les plus jeunes, les 18-34 ans.
Les Français ont-ils envie de déménager ?
De l’envie au passage à l’acte, le mouvement est progressif mais il y a une aspiration, renforcée notamment depuis la crise sanitaire. L’enquête indique que 65% des Français qui envisagent de déménager espèrent le faire pour une commune rurale ou une petite ville. Les habitants des grandes villes qui ont grandi en majorité dans des petites villes souhaitent y retourner. S’il devait déménager, un Francilien sur deux indique vouloir quitter l'Île-de-France. Et la densité a ses limites. Julien Damon :
La densité c’est bien mais ce que certains ont pu rétorquer, c’est que la densité au bout d’un moment nous en avons ras-le-bol, nous souhaitons quitter la ville. Ceux qui peuvent le faire aisément, les classes supérieures, s’en vont dans leur résidence secondaire mais ceux qui peuvent le faire difficilement quittent la ville pour aller dans des endroits où il y a moins de monde et où l'on peut faire un barbecue. Le barbecue est un identificateur clair des classes moyennes.
Parmi les motivations à déménager : la qualité du cadre de vie et du logement, d'une part, le fait de devenir propriétaire, d'autre part. Les freins au changement : ça coûte cher, le logement représente une charge financière importante. Et puis l'emploi, la mobilité, même si le télétravail prend de l’ampleur, le temps de transport logement-emploi est un critère déterminant.
Quelles sont les principales attentes en matière de logement ?
Le logement idéal est associé à un refuge, un cocon, avec une bonne isolation, thermique et phonique. C’est la première qualité attendue d'un nouveau logement par 95% des répondants. D'ailleurs, la principale inquiétude pour les Français qui déménagent est de se retrouver avec des voisins bruyants. Ensuite c’est la volonté d’avoir suffisamment d’espace, de pièces pour que chacun puisse s’isoler.
Quels sont les principaux enjeux pour l’avenir ?
Le pouvoir d’achat est central. Ce n’est pas parce que les taux d’intérêt sont bas que les prix de l’immobilier sont bas. Bien au contraire, ils progressent quasiment partout. Produire du logement abordable, donc. Limiter le coût du foncier, qui a flambé ces dernières années...
A la question de l’étude : comment faire baisser les prix de l’immobilier ? Les principales attentes sont : encadrer les loyers et construire plus de logements. Par contre, et c’est tout le paradoxe quand on souligne, construire plus dans votre commune ?, près de chez vous ? Là…il y a beaucoup moins d’engouement…
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