En cette rentrée, où beaucoup d’étudiants sont toujours à la recherche d’un logement, voici une idée dans l’air du temps et qui se développe dans nos villes : la cohabitation intergénérationnelle. Comment ça marche et qui est concerné ?
C’est un échange volontaire et solidaire entre deux personnes. La cohabitation intergénérationnelle permet à quelqu’un qui est âgé de plus de 60 ans de louer une partie de son logement à un étudiant ou un jeune actif de moins de 30 ans.
Généralement, c’est une chambre dans une maison ou un appartement. L’idée c’est que ce soit gagnant / gagnant. Pour le jeune, c’est moins cher qu’un loyer classique. Pour le senior, ça permet de rompre l’isolement et c’est un complément de revenus.
Quelles sont les règles à respecter ?
La pratique est encadrée. C’est inscrit dans la loi Elan. On parle de renforcer le lien social. L’habitat est partagé de manière solidaire. Juridiquement, il y a un contrat entre les deux parties qui indique que celle de plus de soixante ans, peut louer à un jeune, moyennant une contrepartie financière modeste_._ Dans le parc privé, c’est convenu librement. Dans le parc social, c’est calculé au prorata du loyer et des charges.
On dit que le jeune peut réaliser des menus services. C’est un temps de présence bienveillante et de partage certains soirs de la semaine. C’est aider à fermer les fenêtres, ou faire quelques courses par exemple… L’esprit du dispositif, c’est vraiment l’entraide et la solidarité. Et le binôme est accompagné dans chaque étape par une société dédiée ou une association qui met en relation et s’occupe des dossiers.
Concrètement, comment les trouver à qui s’adresser ?
Il existe un réseau qui regroupe une quarantaine de structures et d’associations partout en France, c’est le réseau Cohabilis, spécialiste de l’habitat partagé. Il y a aussi La Cabane des liens, qui est implantée en Bretagne. Il existe la plateforme Xénia-Cohabitation, où l’on a sur internet la carte de France avec les logements disponibles et les profils des hôtes à Toulouse, Bordeaux, Nice, Lille, Rennes ou encore Saint Nazaire, par exemple. Et puis, il y a une start-up qui se développe en Ile-de-France, qui s’appelle Colette. Elle crée une communauté, un club, pré-sélectionne les profils, accompagne les binômes.
Au-delà de l’aspect solidaire, la cohabitation intergénérationnelle, répond à des vrais besoins et dispose d’énormes potentiels. Justine Renaudet, la co-fondatrice de Colette :
Il faut savoir qu’à Paris, il y a plus de 100 000 seniors qui, aujourd’hui, disposent d’une chambre inoccupée à leur domicile. Notre rôle va être de révéler au grand jour ce gisement de logements étudiants qui est inexploité.
Colette qui accompagne les binômes pour des cohabitations qui vont en moyenne de 1 mois minimum, à une année universitaire. Sans devenir la norme, c’est un mode de logement vertueux.
Si c’est un bon plan pour le jeune, pour le senior, il y a des réticences parfois des appréhensions, qu’il faut lever en faisant preuve de pédagogie. Mais c’est bien encadré et les enjeux sont de taille.
Du côté des seniors, c’est un enjeu de santé publique. Ce que l’on voit c’est qu’il y a plus de 30 % de personnes de plus de 60 ans qui affirment souffrir de solitude. Et quand on sait que souffrir de solitude, c’est aussi néfaste pour la santé que fumer 15 cigarettes par jour, il y a un vrai enjeu de permettre au senior d’être moins isolé. La cohabitation intergénérationnelle est l’une des réponses à ce souci de santé publique.
Une présence bienveillante d’un côté. L’assurance d’avoir un toit de l’autre. Ca permet aussi de rentabiliser des chambres inoccupées dans le domicile des seniors, il n’y a pas d’imposition fiscale, cela permet de lutter contre l’étalement urbain et c’est la possibilité pour un jeune d’accéder à un logement à un prix modéré… Voilà pour les atouts de la cohabitation intergénérationnelle qui ne demande qu’à se développer. Avec des valeurs entre les générations, d’entraide, de partage et de solidarité.
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