

Plans, volumes, cloisons, organisation des pièces, espaces partagés...faudra-t-il tirer les leçons de la crise et de nos expériences de confinement pour mieux construire demain ?
Plus qu’une tendance, de nombreuses enquêtes le démontrent, la crise sanitaire a mis en lumière combien les Français étaient inégaux face au logement. Des logements souvent trop petits dans les zones denses, parfois suroccupés. Une étude de l’Insee indique que 5 millions de personnes vivent dans un logement suroccupé.
Manque de chambre. Manque de pièce pour s’isoler. Manque d’espace extérieur. Des appartements pas vraiment adaptés au télétravail. Ils n’ont pas été conçus pour ça.
Comme l’indique une enquête et les travaux de IDHEAL, l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement :
Ces dernières années, là où l’on a produit le plus de logements dans les zones tendues, c’est là où l’on est le plus à l’étroit, où il y a moins de lumière, moins de volume avec des plans de moins en moins pratiques.
Si la qualité des logements a baissé au cours des dernières années, à qui la faute ?
La facilité serait de pointer du doigt les promoteurs et les architectes. En fait, la responsabilité est sans doute plus large, plus collective avec des politiques publiques qui poussent à telle ou telle forme urbaine ou architecturale,
Catherine Sabbah, directrice déléguée de l’Institut IDHEAL :
Tout le système de production des logements fait que l'on arrive pour des raisons réglementaires, financières, économiques et foncières a des immeubles qui sont de plus en plus petits et dans lesquels ont fait des logements de plus en plus petits. Parce que les logements sont trop épais par exemple, on ne peut pas faire un logement avec une double orientation. On est obligé de mettre un couloir au milieu et de faire un logement de chaque côté du couloir. Résultat : il y en a un qui est orienté au sud et l’autre, au nord. Ce n’est pas très bon pour la ventilation et ce n’est pas très bon pour la lumière.
Il y a aussi des petits logements parce qu’on les vend plus facilement avec les systèmes de défiscalisation...
Quelles sont les pistes pour construire mieux et différemment ?
Il faudrait construire des logements plus grands. Mais ça coûte plus cher. Alors, on peut réfléchir à construire autrement avec des plans mieux organisés, des pièces réversibles, des espaces bureaux, des cloisons coulissantes, amovibles, des cuisines qui ne soient pas systématiquement ouvertes, que le salon n’ait pas un hall qui distribue toutes les autres pièces, que l’on puisse mettre au moins une petite table et deux chaises dans un espace extérieur.
A l’échelle de l’immeuble, il peut y avoir des réflexions sur les espaces partagés, des terrasses communes, pourquoi pas de coworking, ce qui permet, quand on n’a pas la place chez soi, de télétravailler sans se déplacer.
La crise sanitaire a eu un effet révélateur, accélérateur de prise de conscience du secteur
Le confinement a été un moment très important pour le logement. Nous avons été renvoyés à notre condition d’habitant. Les professionnels de l’immobilier aussi. Ils se sont retrouvés eux, dans leur logement à réfléchir un peu plus qu’à des produits financiers ou à des bilans de promoteurs. Mais qu’est-ce que c’est que le logement ? comment on y vit ? est-ce facile d’y passer ses journées ? comment peut-on y travailler ? etc. Il y a eu aussi beaucoup de littérature produite et finalement cela permet à tout le monde de réfléchir de manière intéressante et de se poser des questions sur ce que l’on va produire et ce qu’il faudrait produire. (Catherine Sabbah)
Et puis la qualité du logement, pour construire demain ce n’est pas que l’habitat intérieur, un prix, des mètres carrés, c’est tout ce qu’il y a autour. On pense à l’accès aux transports, aux déplacements, aux relations de voisinages, au quartier où l’on fait ses courses, où l’on se promène, où l’on fait des rencontres... La qualité du logement ne se limite pas à une adresse. C’est un environnement, c’est l’échelle urbaine.
Si construire des logements, c’est construire la ville, la qualité du logement est un sacré chantier d’avenir.
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Programmation musicale
- 06h50
Deep end BRITANNY FOUSHEE, ITAI DAVID SHAPIRA (Compositeur)Deep end, FOUSHEE
Album Deep end (2020)
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