Dans la série des aménagements dans nos villes, il y a un concept qui se développe de plus en plus en Europe et maintenant dans plusieurs villes de France : c’est le concept de la rue scolaire. Mais qu’est-ce que ce concept de rue scolaire ?
- Mathieu Chassignet Ingénieur mobilité, qualité de l'air et transition énergétique à l'ADEME
La rue scolaire, c’est le fait de fermer les rues des écoles à certains moments de la journée. Temporairement le matin, à l’heure de la rentrée, et le soir, à la sortie des classes. Objectif : mettre en sécurité la rue et encourager les déplacements à pied ou à vélo en toute sécurité.
Où des expériences sont-elles menées ?
A l’étranger tout d’abord, ces derniers mois, plusieurs pays européens ont développé le concept. La Belgique tout d’abord, puis, le Royaume-Uni et l’Espagne.
En Belgique, cela marche très bien. Le dispositif a été mis en place au départ dans la ville de Gand, puis dans la Province de Liège notamment. C’est adopté dans une quarantaine de lieux à Bruxelles et ça vient d’être lancé à Anderlecht. Le concept est considéré comme vertueux : plus de trafic automobile, les chemins vers l’école sont plus sûrs, le sentiment de sécurité augmente, les parents sont sécurisés. Et plus d’enfants vont à l’école à pied ou à vélo.
Au Royaume-Uni, l’expérience est menée depuis un an. Cela concerne la moitié des écoles à Londres. Au total, 350 rues scolaires ont été déployées. Et les effets sont déjà intéressants, Mathieu Chassignet, ingénieur mobilités durables à l'Ademe :
Le premier est que cela fait diminuer le recours à la voiture.
Deuxièmement, vous avez une forte diminution de la pollution de l’air. A l’heure du matin, vous avez une diminution des oxydes d’azote qui peut atteindre jusqu’à 30 %.
Et puis, troisièmement, c’est l’acceptabilité des parents. Vous avez 80 % des parents à Londres, qui sont favorables au concept des rues scolaires. Et qui souhaiteraient que ces expériences soient pérennisées et élargies dans toute la ville.
D'autre part, les automobilistes sont prêts à aller se garer un petit peu plus loin pour emmener leurs enfants à l’école.
Et en France ?
On y va. Doucement mais sûrement. Depuis la rentrée, la ville de Lyon tente l’expérience comme à Paris qui piétonise les abords des écoles ou limite la vitesse (c’est n'est pas exactement pareil). La plus avancée, c’est la ville de Lille qui a créé des rues scolaires aux abords de 7 écoles.
Est-ce que cela peut s’appliquer partout ?
Cela ne peut pas forcément s’appliquer partout. Par exemple, une rue où il y a beaucoup de transit, ça va être compliqué. Une rue dans laquelle il y a une ligne de bus qui passe, ça va être un peu compliqué aussi. Et puis, il y a toujours quelques réticences.
_Le principal frein, je pense que c’est l’inertie dans nos mobilités. Parfois, les élus locaux ont aussi un petit peu peur de brusquer les automobilistes, peur de faire des mécontents. Ce qui est rassurant, c’est que les études montrent que les parents sont tout à fait favorables à ce type de mesure. Un sondage a été mené à Lille aux abords d’une des écoles qui fait l’objet d’une rue scolaire : il montre que 91 % des parents sont favorables à cette rue scolaire. (_Mathieu Chassignet)
D’autres villes tentent ou vont tenter l’expérience comme Nantes ou encore Talence. On estime que la moitié des écoles aujourd’hui en ville est éligible à la mise en place d’une rue scolaire. Entre les moyens de déplacements plus sains (des parents et des enfants), la réduction de la pollution de l’air et le fait ne plus avoir peur de se faire renverser, le concept de la rue scolaire semble aller dans le bon sens, pour nos villes aujourd’hui comme pour demain.
Aller plus loin
- Concevoir une rue scolaire, méthodologie et bonnes pratiques (guide Belge)
- La rue scolaire de Bruxelles Mobilité
- ADEME - agence de la transition écologique
- Tous à l'école, sans voiture
- Centre de ressources en Ecomobilité
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