Rencontre avec Joe Sacco

Vingt mille soldats britanniques tués ce jour-là. Dix mille dans la première heure. Comment représenter le sens de ces chiffres ? Au cours de la semaine précédant l'assaut, l'artillerie britannique avait tiré 1 732 873 obus sur les lignes allemandes, 3 500 coups par minute, cinq obus pour chaque soldat allemand, le sang des artilleurs leur sortait des oreilles, le bruit était tel qu'on ne pouvait plus penser.
L'assaut fut donné avec ordre de marcher au pas. Les anglais furent massacrés par paquet par les mitrailleuses allemandes. Au total, en cinq mois la bataille de la Somme fera un million de victimes. Un siècle après nous cherchons encore le sens de cet effroi. La terre vomit toujours la guerre. Des obus éclatent encore, des ossements sont mis à jour, on trouve un encrier, une fleur séchée, un carnet de croquis. Peinture, cinéma, littérature, photo, la représentation de cette guerre à chaque époque peut raconter le siècle écoulé. Avec Jacques TARDI, la bande dessinée a dit toute l'horreur et toute la connerie de cette guerre. Aujourd'huiJoe SACCO dessine une autre approche et une autre représentation.
Entretien : Daniel Mermet et Giv Anquetil
Programmation musicale
- It's a Long Way to Tipperary, par John McCormack*
- In the Trenches , par Major A. E. Rees
À lire
La Grande Guerre : le premier jour de la bataille de la Somme , de Joe Sacco (2014, éditions Futuropolis)
À voir
14-18 : le Bruit et la Fureur , un documentaire de Jean-François Delassus (100 min, 2008, produit par Program33)
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