"Griffes", de Malika Ferdjoukh

"Griffes", de Malika Ferdjoukh
"Griffes", de Malika Ferdjoukh - Ecole des loisirs
"Griffes", de Malika Ferdjoukh - Ecole des loisirs
"Griffes", de Malika Ferdjoukh - Ecole des loisirs
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Ce récit se déroule à la fin du XIXe siècle et nous emmène à Morgan’s Moor, un petit village au nord de l’Angleterre, proche de la frontière écossaise. Dans ce coin reculé, les habitants sont peu nombreux et tout le monde se connaît !

Il y a les aubergistes, le médecin, l’infirmière, le maréchal-ferrant, le juge, etc.
Chacun mène une vie simple et sans encombre, jusqu’au jour où un terrible meurtre vient troubler cette routine confortable. Le crime est d’une rare violence... un coupable est désigné dans des circonstances très mystérieuses... il est pendu et l’affaire, bien qu’elle marque profondément Morgan’ Moor, est finalement classée tandis que les villageois reprennent le cours de leurs vies.

Voilà un résumé express... mais comme le livre fait 400 pages, j'imagine cette affaire n’est pas tout à fait réglée ?

Absolument puisque trois ans plus tard, un nouveau meurtre est commis à Morgan’s Moor, et il présente de nombreuses similitudes avec le premier :

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  • même famille,
  • même maison,
  • même type d’arme,
  • même barbarie,
  • et toujours beaucoup de mystères et de zones de flou.

Un superintendant et son adjoint, deux détectives de Scotland Yard... sont donc dépêchés sur place afin de résoudre cette affaire pour le moins inhabituelle. Le premier est éminemment respecté pour sa carrière riche de nombreux succès ; le second, jeune homme de seulement 17 ans, est déjà vif, perspicace et ambitieux, et tous les deux forment un duo dynamique au fort potentiel comique !
Je vous laisse découvrir ces deux personnages lors de leur arrivée à l’auberge du village, lorsqu’ils apprennent qu’il ne reste qu’une seule chambre disponible…

La bibliothèque des ados
4 min

"- Jeune Daybright… Cela dérange-t-il vos principes de partager la chambrée d’un barbon qui ronfle et déclame Les Mangeurs de Lotus de Tennyson quand il dort ? Et qui, lorsqu’il ne dort pas, enduit sa calvitie d’un onguent, aux effluves méphitiques, censé la refleurir… ? Ah, j’oubliais : et qui grignote ses shortbreads avec une infusion de verveine pads trop chaude ?
Bouche bée, Pitchum considéra ce superintendant de renommée royale, se demandant si c’était de la poule ou du dindon. Il lui était pénible – voire rebutant – d’imaginer son maître et mentor en ronfleur, le crâne badigeonné de pharmacopée malodorante, digérant shortbreads et décoction pas trop chaude."

Ce sont donc eux les personnages principaux de ce roman, entre autres

Mais cette histoire nous offre un certain nombre de personnages de premier plan, parmi lesquels on trouve aussi la jeune Flannery Cheviot, la fille des aubergistes. C’est une jeune fille curieuse et intelligente... elle n’a pas sa langue dans sa poche et semble très intéressée par les deux détectives !

"- Croyez-vous aux malédictions ? Je veux dire… L’horrible assassinat du juge il y a trois ans… Maintenant, sa sœur. Ne dirait-on pas qu’une main funeste s’acharne sur Harborough Hall ? (…) Vous êtes venus exprès de Londres. Pour quelle raison Scotland Yard dépêche-t-il ainsi deux éminents limiers, des personnalités d’importance telles que vous, dans un pauvre bourg perdu du Northumberland ? (…)
- Nous représentons les modestes rouages d’un département peu connu de la grande machinerie Scotland Yard.
- A quel département peu connu faites-vous allusion ? (…)
-  Le service des dossiers insolites et des intrigues non conventionnelles."

Intriguée et bien décidée à mettre son nez dans cette affaire en menant l’enquête, Flannery fait part de ses déductions aux deux détectives et suscite l’admiration du superintendant, ce qui agace fortement son jeune adjoint.
Les mystères s’éclaircissent peu à peu au fil de leurs recherches, mais ces deux assassinats ne sont malheureusement que les premiers d’une série… Très vite, une atmosphère angoissante s’installe à Morgan’s Moor, mais aussi chez le lecteur lors des courts chapitres annonçant les meurtres de façon plutôt inquiétante. On y découvre la « griffe » qui donne son nom au roman, et qui désigne l’arme tranchante utilisée par le meurtrier, ne laissant aucune chance à ses victimes…

"La griffe est prête. Des yeux luisent dans la nuit. Dans l’obscurité, il y a des yeux, des gants, et il y a la griffe. Les yeux sont froids et décidés. Plus tard, les gants écarlates tournent silencieusement la poignée d’une porte. La longue griffe s’élève sous la lune dans un éclair de glace."

C’est très angoissant, d’autant plus lorsqu’on devine que le meurtrier se cache parmi les villageois, qui apparaissent tous plus ou moins suspects ou innocents au fur et à mesure de l’intrigue !
C’est un récit policier vraiment bien mené, porté par une très belle plume et par des personnages bien développés malgré leur grand nombre. On rit souvent, on tremble un peu aussi et on ne s’ennuie pas une seconde !

A lire dès 14 ans !

  • Griffes, de Malika Ferdjoukh, est paru aux éditions L’école des loisirs