Gourmande et pressée

Livre : Gourmande et pressée
Livre : Gourmande et pressée - Elvira Masson
Livre : Gourmande et pressée - Elvira Masson
Livre : Gourmande et pressée - Elvira Masson
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Elvira Masson rend hommage à Elisabeth Scotto en évoquant le livre des Soeur Scotto " Gourmande et pressée".

Il y a quinze jours, à ce micro, vous rendiez hommage à Elisabeth Scotto, journaliste culinaire qui a tant fait, avec ses soeurs Michèle Carles et Marianne Comolli, sous le nom de Soeurs Scotto pour rendre la cuisine joyeuse, inspirée, ouverte d’esprit surtout au fil d’une quarantaine de livres passionnants, mais aussi en son nom et à la tête des fameuses fiches cuisine du Elle.

J’ai eu envie de poursuivre l’hommage aujourd’hui parce que son décès a fait remonter beaucoup de souvenirs en moi. J’avais 20 ans et un petit ami qui cuisinait pas mal du tout. Peu de temps après notre rencontre, il m’a avoué la source de son inspiration culinaire, c’était ce livre publié en 1996 « Gourmande & pressée", 200 recettes et 52 menus, chez Hachette. C’était l’un des titres phares de cette collection qui comptait également un Gourmande et créole, signé… Suzy Palatin, un -aujourd’hui impensable- Gourmande et mince mais aussi un Gourmande et en week-end, signé Françoise Bernard. Ce dernier ainsi que le Gourmande et pressée que j’ai perdu, je les ai empruntés à Déborah Dupont de la Librairie Gourmande, ce sont ses exemplaires à elle, car ces titres sont épuisés. Ce livre qui était donc la bible de cet amoureux est devenue la mienne, c’est un livre sans photos, ce qui n’est pas fait pour séduire les cuisiniers néophytes mais tout y était séduisant : la simplicité des recettes, leur variété leur efficacité voire leur inratabilité, leur pas de côté aussi : qu’est-ce que j’ai pu faire comme boeuf à la citronnelle, gâteau d’amandes aux pignons, petit sauté au chou chinois, spaghetti aglio et olio, daurade laquée au sésame… parce que voilà, le charme des soeurs Scotto tenait à ces chemins de traverse, à ces hommages rendus à l’Italie mais aussi au Japon et à bien d’autres cultures d’Asie. C’était une sorte de porte d’entrée qui permettait à la cuisinière inexpérimentée que j’étais de se dire : intéresse toi à d’autres cultures que la tienne, le voyage commence et ça va bien se passer. Sur son blog, épatant, vivant, qu’Elisabeth Scotto a alimenté jusqu’au mois d’octobre de l’an dernier elle écrivait « J’aime les accords qui enchantent ; les épices qui réveillent un plat ronronnant ; les aliments et les ustensiles découverts tout près de chez moi ou au bout du monde. Bref : m’amuser avec la nourriture ! » L’une de ses recettes préférées, c’était les linguine nipponne, une sorte de bricolage qui fait le pont entre l’Italie et le Japon, ses deux passions : des légumes verts (harcicots cocos plats émincés, haricots verts, fleurettes de romanesco...) cuits dans un bouillon dashi. Faites blondir dans 2 c. à s. d’huile d‘olive 1 gousse d’ail + 10 g de gingembre râpés + 1 piment émietté. Ajoutez les légumes, réservez. Faites cuire al dente 400 g de linguine. Faites réduire 1 dl de dashi, 2 c. à s. d’eau de cuisson des pâtes, 2 c. à s. d’huile d’olive et 2 c. à s. de sauce soja. Faites sauter les pâtes avec les légumes et la sauce, parsemez de graines de sésame noir et d’algue nori ciselée.

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A l’époque, en 1996, je ne devais même pas savoir ce qu’était le dashi, ou à peine, en revanche je pratiquais beaucoup les crevettes au gingembre des soeurs Scotto.

Des crevettes roses, cuites, décortiquées, servies en sauce, faite de coulis de tomates, gingembre frais râpé, oignons, et coriandre. A l’époque, je ne suis pas sûre que je me posais beaucoup la question de la provenance des crevettes. J’avais oublié cette recette simple et toujours délicieuse, elle m’est revenue avec beaucoup d’émotion. Et beaucoup de difficultés. Les poissonniers de mon quartier ne proposent que des crevettes d’élevage, et du bout du monde, Madagascar, Brésil, Equateur. J’ai vu aussi des crevettes sauvages de l’Océan Indien. Ça m’a serré le coeur d’imaginer les conditions de travail des pêcheurs. Je me suis dit que c’était compliqué voire impossible d’acheter du poissons et des crustacés quand on n’est pas au bord de la mer. Et puis j’ai fini par tomber sur ces bouquets bretons, cuits hein bien sûr, pas vivants : 12 € les 100 g, bim. En préparant ces crevettes au gingembre, mes 20 ans me sont revenus, le goût d’un temps révolu, de la découverte de la joie de cuisiner et de me sentir libre de m’amuser en cuisinant.

Recette extraite de Gourmande et pressée, Les Soeurs Scotto, éditions Hachette, livre épuisé mais que l’on peut trouver en vente en ligne.

Crevettes au gingembre

Pour 4 personnes

Préparation : 10 min. Cuisson : 8 min.

400 g de crevettes roses décortiquées, cuites

3 dl de coulis de tomate nature

200 g de gingembre frais

150 g d’oignons

1/4 de c à c de fécule

1 c à s de coriandre ciselée

1 c à s d’huile d’arachide

sel, poivre

Peler le gingembre et le râper avec une râpe à gros trous. Peler les oignons et les hacher. Délayer la fécule dans le coulis de tomate.

Mettre l’oignon dans une poêle anti-adhésive. Ajouter l’huile et 4 cuillères à soupe d’eau. Laisser cuire à feu modéré pendant 4 à 5 minutes jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’eau dans la poêle et que les oignons soient blonds.

Ajouter le gingembre, mélanger 1 minute puis verser le coulis de tomate. Porter à ébullition, saler et poivrer. Laisser bouillir 2 minutes, puis ajouter les crevettes. Mélanger 30 secondes, le temps de réchauffer les crevettes, sans les faire recuire car elles durciraient.