Ce soir, Anthony Bellanger se fait l'historien de la Catalogne. Catalanistes et espagnolistes ne cessent de se référer au passé pour justifier leurs revendications présentes.
Les uns aspirent à l'indépendance, les autres à l'indivisibilité de l'Espagne.
Et, au beau milieu de ce flot de références historiques, il y a le fameux point Godwin. Pour le monde entier, ce moment est atteint lorsque dans une discussion animée, l'un des intervenants, à bout d'arguments, traite son opposant de « nazi » ou de « fasciste ».
En Espagne - qui n'a pas participé directement à la Seconde guerre mondiale - ce point Godwin est atteint avec l'accusation, toujours terrible, de « franquiste ». Et en ce moment, ce point est atteint quasi systématiquement.
Ce retour dans le temps tient aussi à un anniversaire. Le 23 octobre, cela fait 40 ans que le président de la Catalogne, en exil sous le franquisme, Josep Tarradellas, s'avançait sur le balcon de la Generalitat à Barcelone pour déclarer : « Cuitadans de Catalunya, Ja Sóc Aquí ». Tous les Espagnols, et évidemment les Catalans, connaissent ce « Ja Soc Aqui » qui signifie « Je suis là », prononcée devant des dizaines de milliers de barcelonais. Cette phrase signifiait le retour à l'autonomie de la Catalogne, mais au-delà, pour tous les Espagnols, elle a longtemps signifié le retour à la démocratie tout court.
Cela commence par une humiliation historique pour les Catalans, le 11 septembre 1714, Barcelone défaite militairement, rend les armes à Philippe V d'Espagne. Et c'est toute la Catalogne qui perd l'autonomie dont elle jouissait depuis des siècles.
Quant aux espagnolistes, pour les plus à droite, la Catalogne, c'est le lieu d'où viennent tous les ennuis de l'Espagne contemporaine. La Catalogne indépendante, c'est l'Espagne brisée.
A gauche aussi, la Catalogne a, selon eux, rompu l'unité républicaine au profit de ses passions indépendantistes.
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