México n'aura pas de corridas cette année

Pas de corrida à Mexico cette année
Pas de corrida à Mexico cette année ©Getty - Clasos
Pas de corrida à Mexico cette année ©Getty - Clasos
Pas de corrida à Mexico cette année ©Getty - Clasos
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La seule décision d'un juge en juin a obligé les plus grandes arènes du monde - la Méxica de la capitale mexicaine - à annuler leur saison tauromachique de cet hiver. Le début de la fin pour les corridas en Amérique latine ?

Il n’y aura pas de spectacle de tauromachie à México cette saison…

Une saison de corridas qu’on appelle dans la capitale mexicaine la « Temporada Grande » et qui s’étire normalement de novembre à février. Or, on l’a appris mardi soir par un communiqué : « la saison 2022 / 2023 de La Méxica est définitivement annulée ».

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La Méxica, c’est le surnom des arènes de México. Il s’agit d’un véritable séisme dans le petit monde de la tauromachie latino-américaine : la Méxica est – avec 50 000 places - la plus grande « plaza de toros » au monde :

Las Ventas de Madrid, qui sont pourtant des arènes mythiques pour la corrida, sont deux fois plus petites. C’est dire combien la tauromachie reste un spectacle populaire en Amérique latine en général et au Mexique en particulier.

Si c’est si populaire, pourquoi cette saison est-elle annulée ?

A cause d’un juge mexicain qui, en juin, a suspendu toutes les corridas dans la capitale arguant de « la douleur excessive de l’animal » et ajoutant « la société veut aujourd’hui que l’on respecte l’intégrité physique et émotionnelle de tous les animaux ».

Il faut dire que les tenants de la tauromachie mexicaine n'ont pas été très malins dans leur argumentation : ils ont mis en avant le fait que les corridas étaient des divertissements mais aussi un sport » dont il ne fallait pas priver les fans. Effet garanti sur le juge !

Cette décision fait, bien sûr, l’objet d’un appel mais le nouveau procès n’aura pas lieu avant plusieurs mois et la ville de México a refusé d’accorder des autorisations temporaires. Rideau sur la Méxica et ses corridas donc !

On pratique la corrida depuis combien de temps au Mexique ?

Depuis 500 ans ! C’est-à-dire depuis les débuts de la colonisation espagnole. On pourrait presque dire que les Conquistadores sont arrivés avec une croix dans une main et une banderille dans l’autre. Or, c’est bien le problème.

Cette origine clairement coloniale pousse de plus en plus d’États Mexicains à interdire les courses de taureaux. Ils sont aujourd’hui 5 sur 32 et la capitale prend visiblement le chemin. Comme d’autres pays d’Amérique latine, d’ailleurs.

Dans combien de pays la pratique-t-on encore ?

Quatre en plus du Mexique : la Colombie, l’Équateur le Pérou et le Venezuela. Mais là aussi les choses évoluent. La Colombie a essayé cette année d’interdire les corridas. Le projet de loi n’est pas passé au Parlement, mais de quelques voix seulement.

En Équateur, dès 2011, un référendum s’est tenu qui a aboli la mise à mort des taureaux dans une moitié des provinces du pays. Il reste le Pérou, où il se dit qu’il y a plus d’arènes que de stades de foot et où les aficionados, les passionnés, ont encore de beaux jours devant eux.

En fait, c’est l’Espagne qui pourrait flancher la première : s’il y a plus de 270 corridas par an chez nos voisins – et 461 toreros professionnels – le public répond de moins en moins présent : en 10 ans, les arènes espagnoles ont perdu 40% de leurs spectateurs.