Les pourriels chinois vous repèrent bien

Twitter visé par les Chinois
Twitter visé par les Chinois ©Getty - Future Publishing
Twitter visé par les Chinois ©Getty - Future Publishing
Twitter visé par les Chinois ©Getty - Future Publishing
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Les censeurs chinois s'en sont pris toute la semaine dernière aux comptes twitter en mandarin relayant les manifs anti gouvernementales. Une attaque en règle à base de pourriels malveillants et compromettants rendu possible à cause des milliers de licenciements sous l'ère Elon Musk.

La censure en Chine a atteint la semaine dernière un tout autre niveau…

Elle s’est abattue sur un réseau social pourtant interdit en Chine : Twitter. A compter de fin novembre, les dizaines de milliers de comptes en mandarin relayant des manifestations anti-covid en Chine et surtout ceux des opposants en exil ont été ciblés.

Ciblés par des « bots », c’est-à-dire des centaines de milliers de comptes dormant automatisés par les censeurs chinois. On le sait depuis hier après une bonne semaine d’analyse. Le but ? Inonder de pourriels les comptes rapportant de vraies infos.

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Autrement dit, si de Chine vous tentiez d’avoir accès à twitter pour voir des vidéos de manifs antigouvernementales ou de de vous y renseigner sur les villes les plus rebelles, vous étiez envahi de pages et des pages d’annonces parasites.

Des pourriels que le censeur chinois a voulu bien compromettants : des services de prostitution, des invitations à des chats coquins ou tout simplement de la pornographie de façon à noyer les vraies infos sous un déluge ordurier.

Mais les Chinois ont accès aux plateformes occidentales ?

Un peu comme les Russes, ils ont su s’adapter à l’appareil de censure chinois que les spécialistes qualifient de « gargantuesque ». Ils utilisent un VPN, un système qui camoufle l’origine de votre connexion et permet de naviguer librement sur le net global.

Les services chinois peuvent supprimer en Chine n’importe quel post ou vidéo qui évoquent l’un des « cinq tabous » de la censure chinoise : Mao et sa Révolution culturelle, Tienanmen, le Tibet, le Xinjiang, les grandes manifs hongkongaises de 2019.

Mais les Chinois sont plus rapides et souvent plus créatifs que la censure bureaucratique. Le meilleur exemple, ce sont ces manifestations qui se sont déroulées dans tout le pays à compter du 24 novembre et s’en sont pris bille-en-tête à Xi Jinping lui-même.

Comment font-ils ?

D’abord, ils utilisent la force du nombre. Le réseau social chinois WeChat – l’équivalent de Twitter là-bas – compte un milliard d’abonnés. Pendant une courte période – mais qui a suffi à attiser la contestation – la censure chinoise a été complétement débordée.

Puis, lorsqu’elle est redevenue efficace, notamment en censurant les # de grandes villes chinoises où avaient lieu des manifs, les internautes se sont mis à utiliser des jeux de mots : par exemple « mousse de crevettes » ou « peau de banane ».

Le premier parce qu’en Chinois ça ressemble au mot « démission » le second parce que ce sont les mêmes initiales que Xi Jinping.

Puis il y a eu l’utilisation dans les rassemblements de feuilles blanches de protestation, comme en Russie contre la guerre : les peuples se regardent et s’imitent.

Pourquoi la censure chinoise a-t-elle visé spécifiquement Twitter ?

Parce que c'est plus facile ! Il n'y a plus personne pour modérer depuis l’arrivée d’Elon Musk ! Sur les 7 500 salariés, il n’en reste qu’environ 2 000. Or, parmi les premiers à partir, il y avait l’équipe chinoise, spécialisée dans la lutte contre la contrinformation venue de Pékin.

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