Le Cumbre Vieja s'est réveillé dans l'archipel des Canaries après un long sommeil de 50 ans. Ça tombe bien, les habitants voudraient que l'Europe les remarque alors que ces îles sont une des frontières les plus sensibles de l'UE.
Direction Espagne, ce matin... ou plutôt l'archipel des Canaries où le volcan Cumbre Vieja est entré en éruption. Vous avez certainement vu les images : elles sont impressionnantes. Plus encore lorsqu'on sait que cette île de La Palma est très densément peuplé : elle compte 80 000 habitants alors qu'elle est 10 fois plus petite que la Corse.
Je vous donne tous ces détails, parce qu'en fait on ne sait pas grand chose de cet archipel situé à une centaine de kilomètres des côtes africaines, pile en face du Maroc. On connait sa réputation touristique mais à part cela : rien.
Or, hier, ce sont 10 000 personnes – pour l'essentiel des personnes âgées ou handicapées et des enfants – qui ont été évacuées et une dizaine de maison qui, déjà, ont été avalées par la lave. Bref, on sait tout de l'Etna, du Vésuve, du Stromboli et rien du Cumbre Vieja.
Une dernière éruption il y a 50 ans
La dernière fois que les Européens ont entendus parler de lui, c'était il y a 50 ans, en 1971. Mais d'abord, disons combien l'Etat espagnol a été exemplaire : prévenu depuis plusieurs jours, tout a été impeccablement organisé.
A commencer par le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, qui pensait échapper à la morosité en représentant son pays à l'Assemblée générale de l'ONU à New York et qui a dû tout reporter pour se rendre sans délai sur place.
Pour les habitants des Canaries les difficultés s'accumule...
La Palma, a priori, ne risque plus grand chose : la lave se dirige vers la mer au travers d'un parc naturel dépeuplé. Mais c'est vrai que les îles Canaries sont redevenues, ces derniers mois, une destination de choix pour les migrants et réfugiés d'Afrique qui tentent de gagner l'Europe :
plus de 7 000 ont emprunté cette route depuis le début de l’année. C’est beaucoup pour de si petites îles. Autrement dit, voilà un archipel qui vit du tourisme – un secteur économique sinistré depuis le début de la pandémie, qui – de plus – voit une recrudescence des arrivées de migrants.
Le Maroc, soupçonné de ne plus retenir les migrants
C'est l'ultime problème : on a vu récemment que le Maroc – lorsqu'il est fâché avec l'Espagne – était capable de ne plus retenir les migrants à la frontière, notamment des deux enclaves de Ceuta et Melilla. C'était en mai et on souvient tous des images.
Or le problème les autorités ces Canaries soupçonnent Rabat de se comporter de la même façon avec elles, le tout dans l'indifférence de l'Europe, focalisée sur la Méditerranée, l'Italie et l'Afrique du Nord.
Il ne manquait donc plus de ce volcan en éruption que personne ne connaissait en dehors de ces îles, comme le symbole d'un archipel qui se sent abandonné par l'Espagne continentale et l'Europe alors qu'il est une des frontières les plus sensibles de l'Union.
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