

Pour relier l'aéroport Dulles au centre-ville, la capitale étasunienne attendait son métro depuis près de 30 ans ! Une habitude aux Etats-Unis où les infrastructures collectives sont difficiles à construire, voire à réparer.
Iinauguration d’une ligne de métro à Washington
La Silver Line et ses près de 20kms de voies a été inaugurée la semaine dernière en grandes pompes. L’aéroport international de Washington Dulles a donc enfin sa desserte ferroviaire : cela faisait 60 ans qu’il l’attendait !
Certes, les deux autres plateformes aéroportuaires de la capitale fédérale avaient déjà la leur. Mais Dulles, c’est le plus important et il n’y avait jusqu’à lors pas d’autres solution pour rejoindre le centre-ville que le bus ou un taxi coûtant la bagatelle de 100$.
Reste que cette ligne de métro a non seulement mis un temps incroyablement long à sortir de terre, qu’elle a accumulé les retards et les surcoûts : 250 millions de dollars supplémentaires pour un prix total de 3 milliards de dollars.
Combien de temps a-t-il fallu en tout pour la construire ?
Il aura fallu huit années de travaux alors même que le défi technique n’avait rien d’insurmontable. Mais comme toujours aux Etats-Unis, dépenser de l’argent public est l’objet de débats idéologiques acerbes, sans parler de la difficulté d’acheter les terres.
En fait, on parle sérieusement de cette ligne de métro depuis près de 30 ans et ceux qui l’ont imaginé à l’époque sont aujourd’hui pour la plupart à la retraite. Ces blocages expliquent en partie l’état pitoyable des grandes infrastructures publiques étasuniennes.
L’administration Biden a bien compris le défi avec son plan de 1000 milliards de dollars. La semaine dernière, 10% de cette somme a été débloquée pour le rail sur toute la côte-est, ce qu’on appelle là-bas le « couloir ferroviaire nord-est ».
Ça consiste en quoi exactement ?
A financer des infrastructures pour relier plus rapidement par le train Boston à Washington en passant par New York, Philadelphie et Baltimore. Il faudra par exemple creuser un tunnel d’accès sous New York mais surtout moderniser d’un coup un ensemble vieillissant.
Surtout, il faudra veiller à ne pas reproduire la catastrophe du plan Obama de 2009 qui prévoyait 14 000 puis 20 000kms de TGV dans tout le pays, définissant une dizaine de corridors ferroviaires prioritaires : pas une seule ligne n’est sortie de terre.
Plutôt si ! Une seule a résisté : la ligne de TGV qui doit relier Sans Francisco à Los Angeles. La distance n’est pas insurmontable : 550kms à vol d’oiseau. Mais 5 milliards de dollars a été dépensé et toujours pas un kilomètre de ligne à grande vitesse en vue !
Mais elle va se faire cette ligne finalement ?
Ce n’est pas gagné ! D’abord les ambitions ont été revues à la baisse : le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, se « concentre sur un premier segment de 270kms » de Los Angeles à… quelques villes de taille moyenne dans la plaine agricole de la Central Valley.
En plus, il est certain que ce train ne roulera pas 350km/h : toutes les villes traversées veulent leur gare ! Sinon pas d’autorisation ! Un cauchemar reflété par une statistique étonnante : 98% des Américains n’ont jamais mis les pieds dans un train inter-cité.
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