Les "deux Michael" sont rentrés au pays. L'héritière de Huawei, elle, est en Chine. Quant aux Etats-Unis, ils ont permis cet accord. Mais qui est le gagnant de ce coup de billard à trois ?
Deux Canadiens viennent de rentrer chez eux après avoir passé plus de 1.000 jours dans des prisons chinoises. On les appelle au Canada les « deux Michael » : Michael Kovrig et Michael Spavor, deux expatriés canadiens en Chine, incarcérés à la dure depuis près de trois ans sur des charges dont tout le monde s'accorde à dire quelles étaient farfelues.
Pour eux c'était isolement et lumières allumées 24h sur 24.
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Ils ont donc pris l'avion samedi pour le Canada après qu'une autre « prisonnière » a, elle aussi, été libérée mais en sens inverse : elle a quitté le Canada pour la Chine :
Meng Wanzhou, héritière du fondateur de Huawei et directrice financière du groupé : Meng Wanzhou. Reste que ses conditions de détention n'avaient rien à voir avec celles des deux Canadiens : elle était aux arrêts domiciliaires dans une somptueuse villa à plusieurs millions de dollars !
Un coup de billard à trois bandes
Il s'est passé un véritable coup de billard à trois bandes : pour libérer de Mme Meng – et donc des deux Canadiens retenus en otages en rétorsion par les Chinois – il a fallu que Washington intervienne :
En effet, si Mme Meng était retenue au Canada, ce n'est pas parce que les Canadiens lui en voulaient, mais parce que les Etats-Unis demandaient son extradition.
Autrement dit, les Canadiens étaient coincés entre le marteau étasunien et l'enclume chinoise.
Tant que les Américains ne voulaient pas bouger, la situation ne pouvait que dégénérer. Or, coup de théâtre, le ministère de Justice étasunien fait savoir en fin de semaine qu'il renonçait à l'extradition de Mme Meng et lèverait à terme toutes les charges contre elle.
Evidemment, tout est politique dans cette décision : il a fallu que Joe Biden papote avec Xi Jinping la semaine dernière et que tout le monde attende la fin de la séquence électorale canadienne pour que cet embrouillamini se résolve comme par magie !
La Chine ne perd pas la face, les USA ruinent Huawei
A première vue, la Chine s'en sort bien et sauve la face : elle récupère Mme Meng et voit les Etats-Unis abandonner les charges – lourdes – qui pesaient contre elle**. Mais c'est un faux semblant : en trois ans, le Huawei dirigé par Mme Meng n'est plus le même groupe.**
Accablé de sanctions américaines par l'administration Trump, il n'est même plus dans le top5 des plus gros vendeurs de smartphones du monde. Même ses ventes de technologies 5G sont languissantes, puisqu'il a perdu en partie ses accès aux marchés occidentaux.
Mais en usant et abusant de la « diplomatie de l'otage », la Chine a durablement effrayé les investisseurs étrangers et a terni un peu plus son image déjà bien affectée par l'écrasement des Ouïgours et du mouvement démocratique hongkongais.
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