Le prisonnier le plus âgé de Guantanamo libéré

Prison de Guantanamo
Prison de Guantanamo ©AFP - Chantal VALERY
Prison de Guantanamo ©AFP - Chantal VALERY
Prison de Guantanamo ©AFP - Chantal VALERY
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A 75 ans, Saïfullah Paracha était prisonnier des Américains depuis 2003... sans procès. Il a été libéré samedi et renvoyé chez lui au Pakistan.

Les Américains ont libéré le prisonnier le plus âgé de Guantánamo !

Samedi, a donc été libéré Saifullah Paracha qui, lorsqu’il avait été interpellé en 2003, avait déjà 56 ans et pas mal de problèmes de santé. Il en a aujourd’hui 75 ans et a fait l’objet de mois de négociations avant d’être renvoyé au Pakistan, son pays d’origine.

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Guantánamo est cette base et prison militaires que les Etats-Unis possèdent à Cuba, ce qui en fait une des plus isolées du monde puisqu’elle ne peut être approvisionnée qu’en bateau puis en hélico en contournant les eaux territoriales cubaines.

Ils sont encore trente-cinq détenus dans ce qui restera un des épisodes les plus sombres de l’Histoire des Etats-Unis, à savoir l’arrestation et l’emprisonnement arbitraires de centaines d’hommes et leur transfert à la prison de Guantánamo.

On lui reprochait quoi exactement ?

C’est tout le problème avec ces détenus parfois livrés par des services de renseignements étrangers en mal d’efficacité ou même par des milices ou des clans aux intentions obscures : les accusations qui les font arrêter sont souvent gravissimes et font finalement « pshit ».

Sur le papier, Saifullah Paracha est accusé d’affiliation à Al Qaeda, d’avoir aidé le cerveau des attentats du 11 septembre à transférer des fonds et du matériel et même d’avoir rencontré Oussama Ben Laden. Sauf qu’il n’a jamais été inculpé ni jugé.

Il était détenu à Guantánamo comme « ennemi combattant » : une désignation juridique inventée par l’administration Bush pour éviter celle de « prisonnier de guerre » qui aurait obligé à appliquer les conventions de Genève bien plus protectrices.

On connait les conditions précises de sa libération ?

On sait que cela fait des mois que Islamabad négocie son retour : il était devenu une des figures les plus célèbres de cette situation ubuesque qui voit encore des prisonniers détenus sans perspective claire de procès ou de libération :

Comme Saifullah Paracha était âgé, il était malade : il a eu 4 crises cardiaques en détention au point que l’administration pénitentiaire avait dû faire héliporter pour lui depuis la Floride un bloc opératoire entier équipements de chirurgie cardiaque dernier cri.

Tout cela pour ne surtout pas avoir à le transférer dans un hôpital américain parce qu’à la seconde où il aurait posé le pied aux Etats-Unis, il aurait pu disposer d’un procès équitable et d’avocats, comme le garantit la Constitution américaine.

A-t-on de ses nouvelles depuis sa libération ?

Il n’a visiblement pas perdu son humour : un de ses avocats pakistanais a publié une photo de lui, tout sourire, attablé à la terrasse d’un McDo de Karachi, au Pakistan. Mais on savait déjà qu’il ne manquait pas de répartie.

Saifullah Paracha était célèbre pour une réplique : à un militaire américain qui l’interrogeait en 2003 et lui rappelait qu’il s’agissait d’une « guerre mondiale contre le Terrorisme », il a répondu : « je sais, Monsieur, mais vous n’êtes pas les maîtres du monde ».

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