

Malabo coche toutes les cases d'une dictature "parfaite"... aux dépens d'une population appauvrie et muselée. Le régime de Teodoro Obiang est même une sorte de cas d'école.
Vous vouliez nous parler ce matin des élections en Guinée équatoriale…
Pour tout dire, on a rarement l’occasion d’avoir en un seul régime une vraie épure de dictature. En fait, il y en a deux dans le monde qui sont des cas d’école et étudiées comme telles : la Corée du Nord de la famille Kim et donc la Guinée équatoriale.
Commençons par l’actu : dimanche - comme dans toutes les dictatures, pour le coup - a été organisé un simulacre d’élection évidemment remportée par le président Teodoro Obiang et son parti avec 99,7% des suffrages.
En 43 ans de pouvoir, Teodoro Obiang n’a jamais obtenu moins de 90% des voix. A 80 ans, tant qu’à être un dictateur, autant l’être entièrement, absolument. Il a même la marque suprême du satrape : avoir renversé et fait exécuter son prédécesseur.
Une dictature, c’est aussi un parti dominant…
Bingo ! Le Parti démocratique de Guinée équatoriale truste depuis sa création en 1986 l’appareil du pouvoir et contrôlait au dernières élections 99 des 100 sièges de députés et la totalité du Sénat.
Dans une dictature, il faut aussi des opposants en prison ! Pas ce problème : avant d’arriver au pouvoir, Teodoro Obiang a raffiné sa cruauté en dirigeant la sinistre prison de Black Beach qui maltraite et torture toujours, avec autant de ferveur.
Il faut encore un héritier…
Là encore, le régime Obiang coche toutes les cases. Le préféré de papa est une sorte de play-boy qui a passé sa jeunesse à dépenser l’argent qui ne lui appartenait pas : Teodoro Obiang Junior, dit Teodorín.
Il a été définitivement condamné l’année dernière en France à 3 ans de prison et à 30 millions d’euros d’amendes pour corruption. Tous ses biens mal acquis lui ont été confisqués. Dans le même temps, il a aussi été interdit de séjour en Grande-Bretagne.
Une dictature, ce sont aussi des richesses que l’on détourne…
Une épure je vous dis ! La Guinée équatoriale n’exportait jusqu’en 1996 que du café et du cacao. Bref, peu de choses. Eh puis, un miracle s’est produit : on a trouvé du pétrole au large de ses côtes ! Le règne de la corruption pouvait vraiment débuter.
Avec 200 000 barils par jour, ce sont des milliards de dollars qui pleuvent chaque année dans les caisses du régime.
La population justement, elle profite de cette manne financière ?
L’immense majorité des Guinée-équatoriens vit avec moins de 2 dollars par jour, alors même que le pays est un des plus riches d’Afrique ! Le régime dépense, c’est vrai, mais dans des « éléphants blancs », des projets de prestige qui ne servent à rien :
Des stades – toujours vides –, des hôtels immenses et désœuvrés, une nouvelle capitale sans habitants, des routes qui ne mènent nulle part. Enfin, il y a même le détail qui signe les dictatures crasses : les bruits sur la santé fragile du président octogénaire.
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