Les "eaux de luxe", vous connaissez ?

Les "eaux de luxe", vous connaissez ?
Les "eaux de luxe", vous connaissez ? ©Getty - Chris Rogers
Les "eaux de luxe", vous connaissez ? ©Getty - Chris Rogers
Les "eaux de luxe", vous connaissez ? ©Getty - Chris Rogers
Publicité

Eau des nuages des Canaries, eau de la forêt tropicale de Patagonie ou eau des icebergs de l'Arctique : les eaux dites "de luxe" ont fait leur apparition dans les rayons des supermarchés. Censées être "ultra pures", elles ont surtout un bilan carbone lourd.

"Celui qui pense que l'eau n'est que de l'eau a tort". C'est le mantra des marques qui font leur beurre, un peu partout dans le monde, en vendant les eaux les plus exotiques possibles. Vous avez l’eau, puisée au plus profond de l’océan (dessalée bien sûr avant consommation), l'eau des nuages des Canaries, de la forêt tropicale de Patagonie ou encore des icebergs de l’Arctique. Ça a longtemps été un marché de niche (de toute petite niche), mais ça change, un peu, au fil des années. Ces eaux, plutôt d'abord réservées aux épiceries fines et aux restaurants chics se retrouvent de plus en plus dans les rayons des supermarchés. Il existe, sachez-le d’ailleurs, des sommeliers d’eau : aux États Unis par exemple, en Corée, en Suisse ou encore en France.

Des eaux qui coûtent cher

Question prix, on est loin du liquide transparent que l'on boit presque gratuitement au robinet. Dans les records, dans les plus chères, il y a cette eau estampillée "made in Iceberg", qui vient de l’archipel du Svalbard, en Norvège : 100 euros les 750 ml. Un petit budget ! Le client paye la rareté de cette eau, son étrangeté, sa spécificité aussi. Telle eau est censée être « douce et légère en bouche ", quand une autre "s’accorderait aux mets les plus délicat". Bref, c’est marketing à tous les étages. Essayez donc tiens, ce breuvage que Madonna affectionne ! Et puis ce qui coûte c’est aussi l’emballage, la bouteille en elle-même. Souvent en verre, elle ressemble tantôt à une bouteille d’alcool fort, tantôt à un flacon de parfum. Avec derrière, en coulisses, des designers célèbres qui travaillent par exemple pour Ralph Lauren ou Calvin Klein. Tout cela se vend et s’achète.

Publicité

Une quête de pureté pas franchement éco-responsable

Que cherchent les consommateurs en se payant cette eau ? Le voyage sans doute. La pureté aussi. Ces eaux sont présentées comme "loin de toutes sources de pollution",  "vierges de tout contact avec l’homme". C’est à qui obtiendra la boisson la plus propre. Si on prend l’exemple de l’eau iceberg par exemple, des chasseurs de blocs de glace les tirent à la carabine, récupèrent des morceaux qu’ils hissent à bord de leurs bateaux, avant de les casser et de les conserver dans des immenses glacières. Et quoi de mieux pour se régénérer, disent les publicitaires, que de l’eau congelée avant la pollution de l’ère industrielle ? L’eau ultra chère du Svalbard est même présentée, sur son site internet, comme un produit qui va sauver l’Arctique. "*Goûter l’Arctique pour sauver l’Arctique" : c’*est quand même osé et c’est le slogan ! Cette eau aiderait à lutter contre le réchauffement climatique. Je n’ai pas bien compris comment ni pourquoi, parce que ces eaux du bout du monde ont surtout un bilan carbone catastrophique. Le pôle Nord, c’est loin. La Patagonie aussi. Avec donc les émissions de gaz à effet de serre liées au transport qui vont avec. On est loin des circuits courts.

Leur apport nutritionnel, leur spécificité sont  moqués aussi par de nombreux experts. Qui rappellent parfois également qu’aujourd’hui 3,5 milliards d’humains manquent d’eau dans le monde.