Un nouveau musée dédié à la musique vient d'être inauguré à Budapest. L'occasion pour Viktor Orban d'accentuer sa "guerre culturelle" contre "des gauchistes ennemis de la beauté".
En Hongrie, en plein cœur de Budapest, c’est un tout nouveau musée, qui vient d'être inauguré il y a une dizaine de jours, entièrement dédié à la musique, à son histoire et à la contribution de compositeurs hongrois comme Liszt, Bartók ou Kodaly. Le tout imaginé par un architecte japonais : Sou Fujimoto.
Vous le décrire ? Si je voulais être méchant, je dirais du toit qu’il ressemble à un immense pancake. Mais ce serait injuste, parce que l’ensemble est aérien, transparent et que les critiques sont plutôt unanimes : c’est une réussite. Le problème est ailleurs.
Le problème est l’endroit où cette Maison de la Musique a été construite : en plein Városliget, un des rares poumons verts de Budapest.
Un quadrilatère d’un km2 qui avait certes besoin d’un rafraichissement, mais pas forcément d’un immeuble moderne.
D’autant que ce nouveau musée n’est que la première étape d’un colossal projet porté personnellement par le Premier ministre Viktor Orban et qui comprendra à terme quatre autres musées dont un musée ethnographique et une nouvelle galerie nationale de peinture.
Le tout avait été budgété pour 250 millions d’euros en 2012 et devrait finalement coûter plus d’un milliard. Mais c’est moins l’explosion du budget initial et les soupçons de favoritisme dans la construction qui déplaisent que la façon autoritaire dont tout a été géré.
Une loi spéciale a été votée pour que l’ensemble du projet échappe entièrement à la mairie de Budapest qui est notoirement frondeuse et aujourd’hui, entre les mains d’un maire d’opposition, Gergely Karacsony.
Un maire qui a refusé d’aller à l’inauguration le 22 janvier dernier
Et lorsqu’on lui a posé la question, sa réponse a fusé : « construire un musée dans un jardin public, c’est comme pisser dans un bénitier ». En clair, c’est un sacrilège.
Quant à Viktor Orban, il a profité de l’inauguration pour politiser un peu plus l’affaire : il a traité les opposants à ses projets grandioses de « gauchistes ennemis de la beauté » et promis que les élections d’avril seront l’ultime arbitre de son grand œuvre.
La campagne a donc commencé
Et c'est même visible sur les murs de la capitale et des grandes villes du pays où sont apparues très récemment des milliers d’affiches représentant le candidat unique de l’opposition en « mini-moi », le personnage grotesque des films d’Austin Powers.
Tout vaut pour ce que le Premier ministre hongrois Viktor Orban et son parti le Fidesz dans ce qu’ils appellent « la guerre culturelle » : l’insulte, la caricature et donc l’instrumentalisation de la musique classique.
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