

La Russie produit plus de 350 tonnes d'or par an qu'elle exporte presque entièrement. Sauf que depuis l'invasion de l'Ukraine, Moscou ne le peut plus et reste avec ses monceaux de métal précieux sur les bras.
La Russie ne sait plus quoi faire de son or !
Et pour cause ! Depuis juin dernier, les Etats-Unis le Japon et l’Union européenne interdisent l’importation d’or russe. Or, après presque 8 mois de guerre en Ukraine, les producteurs d’or russes crient famine.
Pour leur président – Sergueï Kachouba - les quelques 365 tonnes que produit la Russie par an s’accumulent un peu partout dans les chambres fortes des orpailleurs sans trouver preneur.
Et il n’y a pas d’autres acheteurs dans le monde que les Occidentaux ?
Pas si simple ! D’abord, avant d’être acheté l’or doit être raffiné… en Suisse : les ¾ de l’or mondial sont raffinés chez nos voisins, dans 4 usines situées à Genève, Neuchâtel, Mendrisio et Valcambi. Or, la Suisse s’est jointe à l’Europe pour interdire toute importation d’or russe.
Fin juin, trois tonnes d’or russe ont bien essayé de se faufiler en douce chez les Helvètes. Mauvais calcul : les médias se sont emparés de cette affaire à près de 200 millions d’euros avec cette question : à qui était censé profiter cette vente ?
La réponse est dans la pureté de l’or : 99,5% ! Un taux auquel seule la banque centrale russe ou un oligarque bien en cours à Moscou peut prétendre. Évidemment, l’affaire ne s’est pas faite et depuis la Russie ne peut plus ni vendre, ni raffiner son or en Suisse.
Et en Russie, personne n’est intéressé par ce stock ?
Le Trésor y a pensé et a proposé aux Russes d’échanger leurs devises contre des lingots vendus sans TVA ! Une affaire ! Sauf que les Russes n’ont pas eu confiance et ont préféré garder leurs euros et leurs dollars. A peine 30 tonnes ont été vendues.
La joaillerie, même en comptant large, n’absorbe qu’un dixième de la production annuelle. Donc la question reste entière : que faire des 300 tonnes qui leur restent sur les bras et débordent des coffres des orpailleurs du pays sans trouver preneur ?
La banque centrale pourrait le racheter, ce stock, non ?
Effectivement c’est une bonne idée. Sauf que les coffres de la Russie sont déjà pleins à craquer : 2 400 tonnes de métal jaune, c’est-à-dire autant que la France, par exemple ! En 5 ans, Moscou a même accéléré ses achats d’or. Preuve que la Russie se préparait depuis longtemps à des jours difficiles.
Mais 300 tonnes d’un coup, c’est beaucoup trop ! Les orpailleurs russes vont devoir mettre leurs salariés très spécialisés au chômage technique et en sont réduits à prier pour que la guerre s’achève au plus vite… et les sanctions avec !
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