Sur le bout de la langue d'Aurore Vincenti : podcast et émission en replay | France Inter

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© Christophe Abramowitz, Radio France
© Christophe Abramowitz, Radio France
Aurore Vincenti
Le fumé n’est pas issu d’une denrée, comme le sucré est issu du sucre ou le salé du sel, mais d’un mode de traitement des aliments.
4 min
Aurore Vincenti
On ne va pas y aller par quatre chemins, l’adjectif pétillant vient du mot pet qui, comme chacun sait, est un gaz intestinal qui sort avec bruit.
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Le gras, si décrié dans nos assiettes et dans notre langage
En français, dans un premier temps, le gras est réjouissant : il est signe d’abondance, de fertilité et d’opulence. En période de vacances, on se plaira à faire la grasse matinée : grasse parce que le temps passé au lit est plus long, plus ample.
4 min
Aurore Vincenti
Piment, raifort, poivre, moutarde, gingembre… la bouche chauffe, le nez coule, les yeux pleurent, les joues rosissent, les mains s’agitent. Je vous préviens, tout le monde va sortir de cette histoire, terriblement contrarié.
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Umami - Une expression décontractée des ingrédients traditionnels du dashi japonais
En japonais, pour dire qu’une chose est délicieuse, on a au moins deux adjectifs : Oishii et umaï qui sont extrêmement courants. Au Japon, il ne sera donc pas rare d’entendre le premier adjectif dans la phrase suivante : "Mmmh, oishii desu ne ?" / "Mmmh c’est délicieux, n’est-ce pas ?"
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Le goût salé
Le salé, comme le sucré sont des mots dérivés de denrées le sel et le sucre. Contrairement à l’amer et à l’acide, ces saveurs sont fermement rattachées à un ingrédient spécifique. Or ce qu’on constate c’est que ces denrées – le sucre et le sel – ont joué un rôle prédominant dans notre culture.
3 min
Illustration pour la chronique d'Aurore Vincenti
Nous l’avons associée spontanément à un monde d’émotions perçues comme négatives et issues de la théorie antique des humeurs : la bile, liquide sécrété par le foie et marqué par une amertume prononcée, est représentée par le grec khôle et la racine indoeuropéenne fel.
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Tas de sucre
On va voir que le sucre, comme le sel, a eu un tel rayonnement à travers le temps et dans le monde que ça l’a installé à une place primaire et primordiale en termes de goût et de symbole. Et ça, ça se reflète dans la langue française.
3 min
Acide
Quand on parle de « sucré », « salé », « amer » et aujourd’hui, pour ce premier épisode, « acide », est-ce qu’on fait référence à un goût ou une saveur ?
4 min
Illustration pour la chronique d'Aurore Vincenti
Je l'ai dans la peau, j'en suis marteau !
4 min
Illustration pour la chronique d'Aurore Vincenti
Une matinée tirée par les cheveux...
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Illustration pour la chronique d'Aurore Vincenti
On a fait de la tête le chef de notre corps, le siège de notre pensée. Mais la langue française est moqueuse et aime nous faire perdre la tête...
6 min

À propos du podcast

© Christophe Abramowitz, Radio France

Le samedi à 11h45 sur France Inter

Prendre un mot. Le retourner. Le regarder attentivement, sous toutes les coutures. Sans hésiter, s'armer d'un bon dictionnaire et... minutieusement : l'effeuiller, le déplier et l'expliquer.

On ne va pas y aller par quatre chemins, l’adjectif pétillant vient du mot pet qui, comme chacun sait, est un gaz intestinal qui sort avec bruit.

Le pet a été très généreux en français puisqu’il a produit pas mal de dérivés qui vont de pétard, à pétoche en passant par pétaudière et pétillant. Deux éléments à retenir dans l’évolution vers le pétillant : le gaz d’une part et le bruit, d’autre part. On a aussi le mot gazeux, on perd cet univers sonore. Gazeux, c’est le terme chimique qui va droit au but mais qui est moins évocateur, peut-être moins poétique aussi.  J’en reviens à pétillant – le gaz et le bruit – et quand on se fie à son emploi le plus concret : le mot sert à décrire des liquides qui dégagent des bulles : par exemple eau pétillante, vin pétillant… On le dit de cette façon depuis le XVe siècle. Le pétillement est forcément plus léger que le pet dans la mesure où la fin du mot -iller qui est ce qu’on appelle un « diminutif ». La sonorité du mot, elle-même, est sensorielle : à mon sens, il y a l’évocation de la sensation tactile des bulles et ce bruit léger qui vient doucement froisser l’oreille. Entendez la fin du mot qui dure un peu, se prolonge subtilement : ça pétille. C’est pour cela que le mot est particulièrement imagé et donc qu’on l’emploie au figuré pour désigner des petits éclats de bruit ou de lumière : je pense à l’image des yeux qui pétillent par exemple. C’est fou comme on passe d’une origine plutôt pouêt-pouêt pas discrète du pet à ce dérivé pétillant qui est presque prout-prout, chic, pompette et raffiné. Tout ça parce que la bulle est plus fine et le bruit plus léger.  Et c’est une première conclusion qu’on peut tirer – et qu’on s’entende bien, ça ne s’applique pas à tous les domaines de la vie – mais dans le cas de la bulle, c’est la taille qui compte. Et on va dérouler ensemble les termes qui font plop ou pssshh en français et en cuisine. Si on attaque par la bulle la plus fine, éphémère, légère on a le terme perlant – vous entendez le mot perle - qui vient qualifier un vin qui forme de petites perles dans le verre quand on l’y verse et qui n’est pourtant pas pétillant en bouche. Donc perlant, joli délicat, à ne pas confondre avec la perlouse en argot – qui est une grosse perle et un gros pet. On reste quand même toujours dans ce registre. Après le perlant, on a le pétillant dont on sent bien les fines bulles en bouche. Et j’ouvre une parenthèse sur une création verbale des sommeliers et cavistes : le pétillant naturel abrégé en pet nat qui n’est pas encore dans le dictionnaire_._ Donc perlant, pétillant, ensuite, on peut évoquer le mousseux qui est une grande catégorie pour caractériser le vin – donc si on se fie au mot, « qui fait de la mousse », cette mousse issue du gaz obtenu lors de la fermentation. Sauf que le mot mousseux a développé un aspect péjoratif dans le langage courant, pas forcément chez les spécialistes : quand on entend « c’est du mousseux » on pense mauvais champagne. Et là, ça n’a rien à voir avec la qualité ou la taille de la bulle. Certains mots prennent un mauvais tournant et c’est le cas de mousseux. Prenez le mot crémant, qui est devenu une appellation et qui n’a pas la même couleur péjorative : il renvoie à une mousse légère comme une crème => crémant. Alors pour remplacer mousseux on emploie souvent le mot effervescent qui là, d’un strict point de vue étymologique n’a rien à voir avec l’usage qu’on en fait. L’effervescence en latin c’est le bouillonnement d’un liquide : de la très grosse bulle sous l’effet de la chaleur. C’est pour ça que quand on parle d’une effervescence au figuré on évoque une agitation soudaine et ardente. On serait plus proche, en français de l’ébullition, du bouillon, de la bouillabaisse, de la tambouille : là on a une taille et origine de la bulle qui est différente : une source de chaleur extérieure et de la grosse bulle. Et pourtant cette chaleur, cette ardeur qu’on entend dans la ferveur de l’effervescence ; elle a disparu dans le langage c

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