Étrange ! Quand Apple TV + débarque, son premier acte est de raconter les coulisses d’un show télé dans une série "The Morning Show". Un moyen de raconter et de critiquer un vieux média moribond par une jeune plateforme numérique qui a les dents longues ? Et si ce n'était pas nouveau ...
La série The Morning Show qui vient de débuter sur Apple TV est le bon exemple de cet appétit actuel des diffuseurs qui ont tellement faim de série que la télé devient elle-même une nourriture à fiction. Centrée sur les coulisses d’une matinale et les dérives de la télévision, un lieu de tension et de pouvoir où les hommes se sentent parfois tout permis, cette série met en scène dans le premier épisode, un homme Mitch Kessler (Steve Carell) présentateur vedette du Morning Show accusé de harcèlement sexuel.
Écarté de l’antenne, quand il regarde de chez lui sa matinale présentée par Alex Levy (Jennifer Aniston) sa collègue de 15 ans qui va bientôt animer le show avec un nouvelle recrue Bradley Jackson (Reese Witherspoon), il casse, de colère, la télé du salon. Et qu’un téléviseur soit brisé dans les premières minutes d’une série diffusée via une chaîne qui n’est pas une télé mais une plateforme, vous pensez vraiment que c’est un hasard ?
C’est surtout plutôt malin de la part d’Apple qui on le sait cherche à s’imposer sur le terrain des séries au moment où certains prédisent la mort de la télévision ou mieux sa mutation.
Pour autant, on n’a pas attendu l’arrivée des plateformes numériques pour que les séries observent et critiquent la télévision. La bonne vieille télé s’en est toujours chargée car, à la télé on aime se faire du mal !
Ces dernières années, un des spécialistes du genre, c’est Aaron Sorkin, le créateur de The West Wing / à la Maison Blanche. Véritable obsédé des coulisses de la télévision, il a écrit pas moins de trois séries sur le sujet en 15 ans The Newsroom en 2012 sur les coulisses d'un journal du soir d’une chaîne d’info fictive, Studio 60 on the sunset strip sur une émission satirique en 2006 ou encore Sports Night sa toute première série, à la fin des années 90 sur un journal des sports. Une série portée par un casting trois étoiles : Josh Charles, bien après l_e Cercle des Poètes disparus_ et bien avant The Good Wife, Peter Krause pas encore dans Six feet under et Felicity Huffman avant Desperate Housewives.
Et quand la télé se regarde le nombril, cela n’empêche pas la critique
Info ou divertissement, elles n’épargnent rien : entre l’ego des stars du petit écran, le poids des grands patrons, l’influence nocive des annonceurs, les tiraillements des producteurs ou le politiquement-correct des diffuseurs, les coulisses de la télé c’est du rebondissement en masse ... Ou du rire assuré !
La sitcom sur les coulisses de la télé et des médias c'est un genre en soi. Bien avant Murphy Brown ou 30 Rock, dans les années 60, une série méconnue chez nous mais culte pour les américains met en scène le scénariste d'une émission d'humour : The Dick Van Dyke Show. Le rôle-titre est porté par le ramoneur « chum, chuminey » du film Mary Poppins … Dick Van Dyke. Il était Rob. On le voyait au travail avec ses co-scénaristes mais aussi chez lui avec sa femme, interprétée par Mary Tyler Moore, la ménagère de moins 50 ans, la bonne épouse qui regarde bien évidemment la télévision.
La comédienne Mary Tyler Moore prendra son indépendance dix ans plus tard, dans sa propre sitcom, The Mary Tyler Moore Show, elle y sera une professionnelle d’une chaîne de télé locale.
En France, moins d'exemples. On peut malgré tout évoquer Kad et Olivier avec Les 30 dernières minutes ou Eric Judor avec Platane qui se sont amusés avec les coulisses de la télé ou encore dans le registre dramatique Reporters sur Canal + ou plus récemment sur France 2 avec Speakerine, une série sur l’émancipation d’une femme (Marie Gilain) qui ne voulait pas être enfermée dans le rôle de potiche de l’ORTF.
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