Aujourd’hui notre invitée dans vedette de l’écran est la magnifique et lyrique Anna Karina, qui est accueillie la semaine prochaine par le festival Lumière de Lyon...
...Elle y présentera Anna, souviens-toi, le beau documentaire réalisé par son mari Dennis Berry.
Il n’y a pas de doute. Au milieu des années 60, les deux plus belles créatures de cinéma sont sans conteste Bardot la beauté suprême et Karina l’indomptable sirène.
Beaucoup de symétrie et de points communs dans leurs parcours : leurs meilleurs rôles avec le génie Godard, pour l’une Le Mépris pour l’autre Pierrot le fou ; leurs meilleures chansons avec Gainsbourg ; et pour chacune, une scène de danse d’anthologie dans Et Dieu créa la Femme pour Brigitte Bardot et Ce soir ou jamais pour Anna.
Hanne Karin Bayer voit le jour un mois de septembre (je ne vous dis pas l’année, ça ne se fait pas). Sa mère est costumière et son père est un marin au long cours qui quitte le foyer conjugal lorsqu’elle a un an. Elle passe une enfance de grande solitude, fuyant une mère peu aimante par d’incessantes fugues.
En 1957, à tout juste 17 ans, elle quitte le Danemark, son pays natal, pour venir à Paris où elle se met en quête de petits boulots.
Elle est bientôt repérée à la terrasse des Deux Magots par Catherine Harlé, directrice de la plus grande agence de mannequinat de l’époque. Cette fée du hasard la présente à Pierre Cardin et surtout à Coco Chanel qui la baptise Anna Karina. Elle devient cover-girl.
C’est ainsi que Godard la remarque, alors qu’elle batifole dans une baignoire pour une publicité pour le savon Palmolive. Il lui propose un petit rôle dans À bout de souffle mais elle le refuse, car elle ne veut pas être nue à l’écran.
Godard s’obstine et lui offre un an après le rôle principal du Petit Soldat. Le film très subversif, bloqué par la censure, ne sortira que trois ans après.
Entre-temps, Anna tourne Ce soir où jamais de Michel Deville, grâce auquel Godard découvre son sens de la comédie. Il lui propose alors un vaudeville en musique et en couleur. Ce sera Une femme est une femme, avec Brialy et Belmondo.
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Godard tombe fou amoureux de la jeune comédienne, elle devient sa muse. Ils vivent trois ans de passion dévorante et tournent huit films ensemble dont Pierrot le Fou, apothéose de leur fusion artistique.
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Au fil des années, elle parvient pourtant à s’affranchir de son image d’égérie de la Nouvelle Vague et d’inspiratrice de Godard.
Elle tourne avec Rivette La Religieuse, d’après Diderot, qui subit les affres de la censure, et débute une carrière internationale avec des maîtres comme Cukor, Richardson, Visconti, Delvaux.
Si dans les films de Godard, Anna Karina danse beaucoup, elle y chante aussi souvent. De sa rencontre avec Serge Gainsbourg nait une comédie musicale Anna dont la chanson « Sous le soleil exactement » devient un tube.
Plus récemment, elle renoue avec la musique avec Philippe Katherine, et début 2000 sort l’album Une histoire d’amour qu’elle chante sur les scènes du monde entier.
C’est au théâtre de l’Athénée lorsque j’avais quinze ans que j’ai vu pour la première fois du haut du troisième balcon, Anna Karina en chair et en os.
La pièce s’appelait Toi et les nuages, un huis clos à la Tennessee Williams où Anna jouait une fille un peu folle. Elle y était très émouvante.
Je l’ai rencontrée bien plus tard sur le film de Jacques Richard Ave Maria, où je lui donnais la réplique dans une scène. À la même époque, j’assurais le casting de Détective, le film de Jean-Luc. Et je me souviens avoir fait le « messager », comme dans le film de Losey, avec les petits mots de chacun. Godard me posait de jolies questions sur Anna et vice versa.
J’aime Anna Karina car elle seule, et c’est sa marque existentielle, peut passer en un plan de la réflexion la plus intense aux rires les plus clairs.
Un mythe.
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