Marthe Keller, un cas unique

L'actrice Marthe Keller, en 1976, sur le tournage du film 'Marathon Man' de John Schlesinger.
L'actrice Marthe Keller, en 1976, sur le tournage du film 'Marathon Man' de John Schlesinger.  ©Getty - Paramount Pictures / Sunset Boulevard / Corbis
L'actrice Marthe Keller, en 1976, sur le tournage du film 'Marathon Man' de John Schlesinger. ©Getty - Paramount Pictures / Sunset Boulevard / Corbis
L'actrice Marthe Keller, en 1976, sur le tournage du film 'Marathon Man' de John Schlesinger. ©Getty - Paramount Pictures / Sunset Boulevard / Corbis
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Marthe Keller est probablement la seule actrice à la carrière internationale à avoir été découverte par la télévision française...

C’est en effet La Demoiselle d’Avignon, le feuilleton diffusé à la télévision française en 1972, qui l’a révélée aux yeux de tous. Cette année-là, le cœur de la France bat à l’unisson pour la jolie demoiselle. Avec son physique idéal de jeune fille naturelle et sexy, Marthe Keller nous est apparue comme l’incarnation d’une certaine idée de la Suisse. 

Lorsque ses aventures prennent fin, c’est comme un deuil national qui s’abat sur le pays.   

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Elle est à Paris lorsqu’éclate Mai 68. La révolution étudiante la retient dans la capitale française plus longtemps que prévu et bouscule son destin. Marthe rencontre Philippe de Broca qui tombe aussitôt sous son charme. Elle devient l’interprète pleine de grâce et de vitalité du Diable par la queue et des Caprices de Marie ainsi que sa compagne dans la vie. Ils ont un fils ensemble, Alexandre né en 1971. 

Marthe poursuit sa carrière française, mais le rôle principal de Toute une vie de Claude Lelouch s’avère insuffisant pour combler son envie irrésistible de tourner. 

Marthe Keller répond alors aux propositions américaines, sirènes bien attrayantes puisqu’émises par des réalisateurs comme Billy Wilder, Sidney Pollack, John Frankenheimer ou John Schlesinger.  

De cette période, son meilleur rôle reste incontestablement celui de Fedora de Billy Wilder dont on consacre actuellement une rétrospective à la Cinémathèque. Le personnage éponyme qu’elle incarne est une star manifestement inspirée de Greta Garbo. Et Marthe se montre tout à fait remarquable dans un registre diamétralement opposé à ses emplois habituels. 

Le tournage n’est pourtant pas de tout repos puisque Billy Wilder la terrorise dès qu’elle fait un geste spontané ou propose une intonation personnelle, avec ce fameux : « Qui vous a autorisé à faire ça ?! ». Alors Al Pacino, son compagnon de l’époque, vient la consoler sur le plateau. 

Également passionnée de musique, Marthe Keller interprète pendant des années et sur toutes les scènes du monde des oratorios comme Jeanne d’Arc au bûcher de Honegger. Elle passe d’ailleurs insensiblement à la mise en scène d’opéra, notamment avec Don Giovanni au Metropolitan. 

Mais elle n’oublie pas pour autant ses talents d’actrice, et nous la verrons très bientôt dans L’Ordre des médecins de David Roux aux côtés de Jérémie Renier. 

Marthe passe sans cesse d’un pays à l’autre, et il est difficile de la coincer. Elle tient cette bougeotte de son père, allemand qui a quitté son pays peu avant l’accession de Hitler au pouvoir : « Sois prête à partir en permanence, ton passeport c’est plus important que l’argent ». Elle a tout hérité de lui. « Dès qu’il y a un problème, je me tire dans mon travail comme dans la vie privée ». 

Mais Marthe, je t’en supplie, reste un peu en France !

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