"La ferme des animaux" de George Orwell (1)

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"La ferme des animaux" de George Orwell (1) - La chronique de Juliette Arnaud
"La ferme des animaux" de George Orwell (1) - La chronique de Juliette Arnaud
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Juliette Arnaud a jeté son dévolu sur une œuvre littéraire très politique... "La ferme des animaux".

Titre complet en anglais : Animal Farm, a fairy story. Un conte de fées. C’est bien cette précision, il me semble. Les enfants apprennent grâce aux contes de fées, ils appréhendent surtout l’idée que la vie est dure, qu’il y a des épreuves, des choses à surmonter, et que si parfois il y a des bonnes fées et des enfants innocents (Poucet, la Petite Sirène ou Hansel et Gretel), il y a aussi des ogres, des monstres, et des parents inconséquents bref l’ad-versi-té, Poupette … quoi? tu sais pas ce que ça veut dire, « adversité »? Tu sais même pas l’épeler? Eh ben l’adversité, c’est comme une partie de Docteur Maboul où tu as la tremblote, les yeux bandés et une main dans le dos. Là on est bien, après ça, on est sur que Poupette ne fera pas de cauchemars. Mais si en plus, le mec qui se charge d’écrire le conte de fée pour nom George Orwell, vous pouvez être certains que Poupette et Friponet (les prénoms de mes enfants imaginaires, Poupette et Friponnet dites bonjour aux gens)  vont se mettre à hurler de terreur dès que vous leur suggérerez que là c’est l’heure de pipi, les dents et au lit. 

Nous, adultes qui n’avons pas peur des cauchemars, nous savons tous à l’automne de notre déplaisir, 2020 donc, qui est Georges Orwell comme nous nous sommes souvenus de qui était Camus au Printemps de notre déplaisir, 2020 donc : le gars qui avait écrit La Peste

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Orwell : c’est 1984. On notera tous l’évolution, on avait peur d’être d’être contaminés, maintenant on flippe d’être privés de liberté. Et plus important que la peur, on veut piger comment on en vient à ne plus être libre. Qui fait ça? Comment? Et également comment est ce qu’on peut faire pour éviter ça? Eh bien, George Orwell en donne des clés majeures dans La Ferme des Animaux, autant si ce n’est plus que dans 1984. Même si c’est un conte de fée, même si les héros sont à poils et à plumes; à groin et à museau.  Parce qu’Orwell cette météore d’être humain, il est mort de la tuberculose à 47 ans, cette maladie atroce dont on peut se prémunir grâce à un vaccin nommé BCG (parenthèse fermée), cette météore s’est fabriquée une vie toute entière tournée vers la liberté, la démocratie, et la connaissance de la violence. Etudier à Eton, car boursier, mais aussi cinq années à faire le flic dans une des colonies de l’empire britannique, la Birmanie, observer en vivant dans les bas fonds avec déshérités de Londres, les mineurs, devenir de gauche, être de gauche mais surtout FAIRE de gauche, s’engager aux côtés des républicains espagnols, se battre (et on parle pas d’octogone, on parle de tranchées, on parle de se prendre une balle qui traverse sa gorge de part en part), survivre au Blitz et écrire au moins deux livres majeurs de notre civilisation. 

Bon, mais alors pourquoi Fairy Story? Parce qu’il était une fois une ferme quelque part en Angleterre, où les animaux de cette ferme décidèrent une nuit de ne plus être exploités par leur être humain. « Tous les hommes sont des ennemis. Les animaux entre eux sont tous camarades … Soulevons-nous! ». Et les animaux se soulèvent. Pour une meilleure vie, pour ne plus être exploités, pour pouvoir épeler le mot loisir et un autre aussi le mot « Bonheur ». Tous ces animaux que les enfants aiment : des chevaux, des chiens, des poules et des cochons. Et que toi grande personne tu aimes encore, si tu n’es pas devenu trop nase pour répondre avec un petit satisfait : « ouais mais je les préfères en steaks ». Ca commence comme un conte de fée et puis … Demain … Merci Bisous Merci.

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