On connaissait les fake news, aujourd'hui on parle des "fake couvs", c’est à dire des fausses couvertures de magazines et des fausses unes de journaux !
Depuis la semaine dernière, une fausse couverture de l’hebdomadaire Jeune Afrique circule sur les réseaux sociaux. Elle met en avant la Première dame de RD Congo, Denise Nyakeru Tshisekedi, pour mieux l’attaquer sur une prétendue ancienne relation amoureuse. Le directeur du journal, Marwane Ben Yahmed, ne compte plus ces détournements. Selon lui, cette pratique se développe depuis 4 ou 5 ans. Pays champion : le Gabon. Ces couvs utilisent le logo, la maquette, les typographies. Seuls le titre principal et la photo changent. Objectif des pirates : mieux attaquer un chef d’Etat ou un opposant politique. Exemple, en 2015, une fausse une de Jeune Afrique annonçait une interview de Denis Sassou Nguesso disant : “Pourquoi je pars en 2016”. Fake couv : le président du Congo-Brazzaville est toujours là...
On a vu beaucoup d’exemples de Unes détournés ces derniers temps... Datée du mardi 6 mai (date qui n’existe pas, au passage...), une prétendue une de Libération a circulé. En photo : la porte-parole du gouvernement, Sibeth N’Diaye. Avec un titre piquant : SI BÊTE… Fake couv. Encore Libé : le 31 août, à la une, la vraie : “Rentrée de la gauche : rassemble-moi si tu peux” avec 6 hommes. Jugée choquante, machiste et aussitôt refaite avec 6 femmes.
Le magazine le plus détourné au monde n'est autre que le Time. En juin, juste après la mort de George Floyd, une fausse couverture reprenait une illustration représentant Hitler avec une moustache en forme de Trump. Autre pastiche qui circule régulièrement : celle montrant le président américain sortant par une porte. Le titre “Time to go”. Fake couv encore !
Quelques conseils pour ne pas se faire avoir...
1. D’abord avant de partager, on vérifie la date pour être certain qu’elle existe ou qu’il ne s’agit pas d’une vieille parution dans un autre contexte.
2. Puis, on regarde le logo, la typographie, la maquette, les couleurs… Les faux grossiers se voient vite. Pour Time, le contour rouge est indispensable.
3. Ensuite on lit : sur la Une de Jeune Afrique de la semaine dernière, au lieu de “exclusif” figurait le mot “explusif” et “Firts Lady” au lieu de “First Lady”.
4. Enfin, on vérifie si le journal a lui même relayé cette une sur son site ou ses réseaux sociaux. On peut aussi demander à un journaliste de la rédaction sur Twitter. Bref, on réfléchit avant d’agir. Et dans le doute, on s’abstient...
Pourquoi voit-on se multiplier ces fausses unes ?
C’est la force du rapport titre-image. On lit de moins en moins en version imprimée, mais rien ne remplace la première page pour faire passer un message. La passion avant la raison. Alors, ces fake couv sont retweetées, partagées, likées avec fureur... La couv, c’est une affiche. Ca marque, ça attaque, ça valorise… Exemple : en 2017, le Washington Post a remarqué qu’une fausse Une mettant en valeur Trump était encadrée dans plusieurs des clubs de golf appartenant au Président américain.
Alors, loin de nous l’idée de donner des mauvaises idées mais n’importe qui peut, en fait, réaliser une fausse une de journal...
Dans les journaux, on réalise souvent un pastiche pour le départ d’un collègue. Moi-même il m’est arrivé d’en faire une pour les noces d’or de mes parents. Mais pas besoin d’être journaliste pour être une star en couv ! La Dépêche du Midi a créé un site ( ma-une.fr), pour refaire la une de n’importe quel journal du groupe. Objectif : “jouer au journaliste” et “étonner vos proches”. C’est gratuit. Des dizaines de sites proposent des modèles. Plus cher et moins réussi.
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