Copies d’écran sur les réseaux sociaux, la guerre est déclarée

Captures d’écran sur les réseaux sociaux, la guerre est déclarée
Captures d’écran sur les réseaux sociaux, la guerre est déclarée ©Maxppp - L'Alsace
Captures d’écran sur les réseaux sociaux, la guerre est déclarée ©Maxppp - L'Alsace
Captures d’écran sur les réseaux sociaux, la guerre est déclarée ©Maxppp - L'Alsace
Publicité

Cyril Petit pousse ce matin un coup de gueule contre ceux, de plus en plus nombreux, qui prennent des photos ou font des copies d’écran d’articles de journaux payants et les diffusent gratuitement sur les réseaux sociaux.

C’est du piratage ! Au JDD, cette chasse est une de nos activités du dimanche, mais nous ne sommes pas les seuls. Il y a quelques semaines, plusieurs titres de presse régionale ont rejoint le combat que beaucoup de journaux mènent désormais ! 

La rédactrice en chef de La Montagne, Sandrine Thomas, a interpellé sur Twitter des éleveurs bovins ayant diffusé un article en intégralité: "Retirez svp ces copies d’écrans et invitez vos followers à acheter La Montagne. Vous ne distribuez pas vos animaux gratuitement après les avoir élevés. Pourquoi le faire avec nos articles ?" "On ne peut plus laisser faire", complète Olivier Biscaye, directeur de la rédaction de Midi Libre. Il a demandé à ses journalistes et à ses 750 correspondants de surveiller, de signaler. Bref de ne plus rien laisser passer.

Publicité

Les politiques sont spécialistes de ce piratage, heureux d’offrir gratuitement leur interview alors que le journal est à peine en vente. Sont-ils les seuls ?

Deux catégories de gens qui font ce “photopillage” illégal

- Première catégorie : ceux qui sont concernés par l’article profitent du “paru dans le journal” comme d’un "vu à la télé” et ne respectent pas le droit d’auteur : politiques, patrons, people, sportifs... se font mousser à moindre frais. En PQR, des présidents d’association diffusent sur Facebook les photos des articles parlant de leurs activités alors que le journal est encore en vente.

- 2e catégorie : ceux qui veulent avoir beaucoup de retweets ou de like en rendant gratuits les articles repérés tôt dans la presse. On y trouve pas mal de journalistes. Exemple frappant : les contenus du Canard Enchaîné circulent, dès le mardi après-midi, avant même la mise en vente du journal.

Que répondent les fautifs quand on les rappelle à l’ordre ? 

Souvent, ils font les morts. Parfois, ils comprennent, s’excusent platement tel le petit enfant pris la main dans le pot de confiture. Et retirent la publication. D’autres fois, ils disent : “Mais de quoi vous plaignez-vous, je vous fais de la pub? ” Sauf qu’en attendant, le journal n’en tire aucun bénéfice économique. C’est d’ailleurs un peu de notre faute, car nous avons longtemps diffusé gratuitement sur Internet des articles qui étaient payants en version papier.

La presse a d’autres soucis plus graves, non ? 

Il n’y a pas de petits combats. La production d’un article a un coût, une valeur et donc un prix. Imagine-t-on quelqu’un entrer chez un marchand de journaux et partir avec une page du journal sans la payer ? Ceux qui veulent faire connaître un article doivent renvoyer vers les versions en ligne ou, si il n’y a pas de version numérique, vers le marchand de journaux. C’est un enjeu d’éducation pas seulement en France. Je cite Sofia Olsson Olsen, rédac chef du quotidien suédois Aftonbladet : “Cela m’est pénible à entendre que les politiciens, qui ont pour mission de prendre une responsabilité sociale de protéger la liberté d’expression et la diversité des médias, répandent l’idée que le journalisme devrait être gratuit.”  

Qu’a-t-on le droit de faire ? Et qu’est-ce qu’on risque ? 

Les règles juridiques de la propriété intellectuelle sont claires : on a le droit, sous certaines conditions, de diffuser un court extrait, comme lors d’une revue de presse. Mais surtout pas l’intégralité. Et encore moins sans autorisation du média. Qu’est-ce qu’on risque? D’un point de vue juridique, il s’agit d’une contrefaçon au droit d’auteur pour laquelle on peut être condamné lourdement. D’un point de vue éthique et moral, on risque, petit à petit, de détruire la valeur de l’information et de faire mourir la presse.