En partenariat avec Reporterre, Laury-Anne Cholez nous parle de retenues collinaires dans les Alpes. Ce sont des réserves artificielles d'eau qui se remplissent au printemps pour alimenter les canons à neige pendant l'hiver.
Aujourd'hui, en partenariat avec Reporterre, Laury-Anne Cholez nous parle de retenues collinaires dans les Alpes. Ce sont des réserves artificielles d'eau qui se remplissent au printemps pour alimenter les canons à neige pendant l'hiver.
Pour le comprendre, on va parler un peu de neige, même si ce n'est plus trop la saison. Je ne vous apprends rien en vous disant que l'époque où les flocons tombaient à foison sans avoir besoin de canon est révolue. A cause du réchauffement climatique, la neige se fait de plus en plus rare. Et pour s'assurer que les gens pourront bien skier, les stations alpines équipent leurs pistes de canons à neige sur environ 35% du domaine skiable français. Pour alimenter ces canons à neige, il faut de l'eau qu'on trouve dans les retenues collinaires. Pour un hectare de poudre blanche, comptez 4.000 M3 d'eau. Soit environ une piscine olympique et demi. Et plus le réchauffement climatique s'accélère, plus on aura besoin de retenues collinaire pour alimenter ces canons et produire de la neige de culture.
Ces retenues collinaires qui se multiplient ne sont pas au goût des associations environnementales... Oui et à plusieurs titres. Tout d'abord, parce que pour construire ces sortes de grands bassins artificiels, il faut creuser la montagne avec des bulldozers, déplacer des tonnes de gravas, construire des digues. Bref un véritable chantier de travaux publics perché à 1500 mètres d'altitude. Ces travaux détruisent un environnement fragile où gambadent les chamois et où nichent parfois des oiseaux rares. Mais au-delà de l'aspect environnemental, les associations s'interrogent aussi sur la pertinence de ces retenues collinaires qui maintiennent sous perfusion le ski alpin, alors que le réchauffement climatique ne permettra peut-être pas d'utiliser les canons à neige éternellement.
Mais aujourd'hui, les gens viennent à la montagne l'hiver surtout pour skier. C'est une activité économique indispensable pour ces territoires. Le ski alpin en France donne du travail à 18.000 personnes. L'emploi est d'ailleurs l'argument des élus et des hommes politiques locaux, comme Laurent Wauquiez le président Les Républicains de la région Rhône Alpes, qui subventionne largement la construction de canons à neige et de retenues collinaires. Face à eux, les associations environnementales se demandent si ces subventions ne pourraient pas plutôt servir à financer la transition écologique et économique des stations ? D'autant qu'aujourd'hui et contrairement aux idées reçues, le chiffre d'affaires touristique en été est supérieur au chiffre engrangé pendant l'hiver.
Alors pourquoi vouloir à tout prix miser sur le ski ? Parce qu'il n'est pas facile de changer un modèle de développement qu'on nous vante depuis 60 ans. Pourtant, la crise du covid et la fermeture des remontées mécaniques a forcé les stations à s'interroger sur la pérennité de ce modèle. Alors bien sûr, les touristes étaient moins nombreux cet hiver. Mais ce qui leur a manqué c'était surtout le vin chaud et les resto plutôt que les canons à neige. Les collectifs de défense de l'environnement veulent donc profiter de la période pour lancer une vaste réflexion sur l'avenir des domaines, en montrant qu'il existe des alternatives au tout ski alpin, qui ne concerne rappelons-le que 5,6 millions de Français. Les associations plaident ainsi pour un nouvel imaginaire de la montagne, où n'aurait pas besoin de balafrer les sommets pour les plaisirs d'une riche minorité.
Chronique avec Laury-Anne Cholez, en partenariat avec Reporterre,