Alors que la pandémie frappe de plein fouet les petits commerces, Amazon continue à battre des records de vente. Cet automne, son chiffre d’affaire a augmenté de 37 %. Son PDG, Jeff Bezos pourrait même être, le premier trillionnaire de l’Histoire et posséder plus de 1000 milliards de dollars d’ici 2026.
Il gagne en quelques secondes autant qu’un travailleur Français tout au long de sa vie.
Et concrètement, sur le terrain, l’expansion d’Amazon est très visible. En France, des méga entrepôts poussent au quatre coins du pays avec leur ballet de camions, leur horizon de béton et de pollution.
Combien d’entrepôts Amazon possède-t-elle en France ?
Dans une carte publiée ce matin, Reporterre a recensé 31 sites logistiques. Mais aujourd’hui, tout s’accélère. Amazon souhaite en 2021 doubler ses surfaces de stockage. Entre septembre et octobre dernier, elle a ouvert cinq nouvelles agences de livraison pour fournir ses clients en moins de 24 heures.
L’empire d’Amazon s’étend. Mais il est difficile de savoir où se construisent exactement les futurs entrepôts. La multinationale est très discrète. Les élus locaux sont obligés de signer des clauses de confidentialité. Et l’entreprise passe par des sociétés écrans comme Goodman ou Argan pour l’achat du site et la maîtrise d’ouvrage.
Car Amazon sait que sur le terrain, elle n’a pas que des amis. La révolte gronde. Des gilets jaunes, des écologistes et des petits commerçants se mobilisent pour mettre dehors le géant américain, et le monde qui va avec. La fronde gagne du terrain. Les recours juridiques se multiplient. Deux sites ont été abandonnés en Alsace. A Montbert près de Nantes, ils étaient 300 à manifester mardi dernier malgré le confinement. Les opposants dénoncent un modèle productiviste qui précarise les travailleurs et pollue la planète.
Mais cet été Barbara Pompili n’avait elle pas dit être pour un moratoire sur la construction de futurs entrepôts de e-commerce ?
Si, tout à fait, elle l’avait dit et de manière fracassante ! La ministre de la Transition écologique avait déclaré sur RTL qu’il était temps de « mettre un coup d’arrêt » à ces constructions. A l’origine c’était même une proposition de la Convention citoyenne pour le climat. Vous savez, ces 146 mesures que le gouvernement s’était engagé à reprendre sans filtre !
Mais Barbara Pompili a perdu la bataille. L’Élysée a mis son veto. Et le moratoire a connu le même destin que d’autres promesses… Enterrées sous l’autel de la compétitivité, oubliées, évaporées. Aujourd’hui, on n’en trouve trace nulle part.
Alors que les entrepôts se construisent partout, l’État a juste missionné des hauts fonctionnaires pour faire un rapport, sur je cite, « le développement durable du e-commerce » et mesurer ses impacts économiques, sociaux et environnementaux. Les conclusions devront être rendues d’ici la fin de l’année mais la lettre de mission signée par les ministres dont Barbara Pompili donne déjà une idée des recommandations.
Tenez-vous bien, la lettre de mission propose de mettre en place des mesures de « simplifications » administratives pour faciliter l’implantation d’entrepôts et, je cite, « concrétiser le message d’attractivité adressé par le Président de la République aux acteurs du e-commerce ». Bref, nous
sommes loin, encore très loin d’une régulation du secteur. Et avec le soutien du gouvernement, Amazon a encore de beaux jours devant elle en France.
Retrouvez l'article de Reporterre : Avec le soutien de Macron, Amazon continue à tisser sa toile en France
Une chronique en partenariat avec le magazine Reporterre, le quotidien de l'écologie