La période n’est pas franchement drôle.... Changement climatique, Covid-19, violences policières, chômage des jeunes… Le fond de l’air est triste. Mais il se passe aussi plein de choses revigorantes. Et on a voulu aller voir quelques-unes et quelques-uns de ceux qui mènent des expériences nouvelles. Avec Hervé Kempf.
Ça remonte le moral de découvrir qu’on peut vivre autrement, coopérer, s’émanciper, s’inspirer les unes les autres....
Alors vous avez été dans la Drôme, où vous avez trouvé une ferme extraordinaire ?
Hervé – C’est la ferme du Grand Laval, un écrin de biodiversité au milieu de champs immenses et uniformes de maïs. Ici, Sébastien Blache a repris la ferme familiale en 2006. Mais au lieu de faire comme ses voisins – du maïs à perte de vue -, il a transformé l’exploitation en refuge de biodiversité. Car ce paysan est ornithologue, et il a cherché à faire de sa ferme une oasis pour les passereaux, les rouge-gorge ou les pouillots véloces. Par des pratiques écologiques, des plantations d’arbres et en réservant un dixième de ses terres à la vie sauvage, il réussit à atteindre une grande biodiversité, tout en vivant bien, dans une exploitation mêlant polyculture et élevage.
Et dans les villes, comment changer le monde ?
Hervé – Maintenant, le coworking est devenu une pratique courante. Mais cela concerne surtout des gens qui travaillent sur des ordinateurs. A Rennes, une coopérative a monté un coworking original, un coworking d’artisans : ils ou elles sont menuisier, tapissier, bijoutière, métallier, abat-jouriste – eh oui, fabricant d’abat-jours -, chaudronnier, ébéniste, et partagent locaux et machines. Cela permet de réduire les frais pour chacun dans une période difficile, mais aussi de sortir de l’isolement. La coopérative Comme un établi va aussi s’ouvrir aux particuliers, qui manquent souvent d’espaces et d’outils pour bricoler.
Mais tous ces « alternatifs » sont-ils militants ?
Hervé – On ne leur a pas demandé comment ils s’engageaient dans les mouvements écologique et social, mais déjà, ils pratiquent une forme de travail et de vie coopérative et solidaire. Mais nous avons aussi été voir des militants d’ONG écologistes qui ont décidé de s’installer ensemble dans le Perche : c’est dans une grande propriété, le Moulin bleu, où ils vivent en communauté, en travaillant et en vivant de la manière la plus écologique possible ; ils ouvrent aussi le lieu à des groupes qui viennent réfléchir ensemble et préparer de nouvelles expériences.
Ça bouge partout, il faut rester optimiste, malgré les difficultés du moment et la sinistrose ambiante. Toutes ces expériences montrent qu’on peut changer le monde, à notre échelle, dans notre vie, et localement.
Retrouvez l'article de Reporterre : Un ornithologue paysan transforme une ferme en écrin de biodiversité
Une chronique en partenariat avec le magazine Reporterre, le quotidien de l'écologie