Dans notre monde de plus en plus chaud, il est de plus en plus difficile de dormir... Des chercheurs ont montré que les températures mondiales se réchauffaient plus vite la nuit que le jour. Un phénomène qui a des conséquences néfastes sur le sommeil des êtres humains...
Une chronique d'Alexandre-Reza Kokabi en partenariat avec Reporterre.net, le quotidien de l'écologie.
Vous vous souvenez, cet été, quand les températures ont dépassé par endroit les quarante degrés ? La sensation désagréable des draps qui collent à cause de la transpiration, les réveils intempestifs. Tout ça, c’est parce que des températures extrêmes compliquent la thermorégulation de notre corps, qui peine à perdre de la chaleur. C’est pourtant un processus nécessaire pour bien tomber dans les bras de Morphée.
Et malheureusement, ça ne va pas aller en s’arrangeant. Les activités humaines contribuent toujours plus au réchauffement de la planète. Une étude récente, menée par des scientifiques de l’Université d’Exeter, en Angleterre, a montré que les températures se réchauffaient encore plus vite la nuit que le jour.
Est-ce que ce sommeil perturbé à des effets délétère ?
Oui, ce déficit de sommeil n’est pas sans conséquence sur notre santé. Il joue en effet un rôle majeur dans la régulation de notre métabolisme. Et le fait d’en manquer a plusieurs effets : on peut ressentir une augmentation de la fatigue et de la somnolence, une baisse de vigilance ou être de mauvaise humeur. Et à terme, on a aussi plus de chance de développer des problèmes cardiovasculaires, de l’obésité, et du diabète.
L’augmentation des températures nocturnes, en compliquant notre sommeil, pourrait donc avoir de graves conséquences sur la santé humaine. Et ces effets sont déjà bien connus puisqu’en 50 ans nous avons perdu en moyenne 1h30 de sommeil à cause du stress, de la sédentarité, des horaires de travail décalés et de notre addiction aux écrans.
Et est-ce que nous sommes-nous tous égaux face à ces risques ?
Et non. Que nous vivions au dernier étage d’un appartement vétuste ou dans une villa en pierre, nous ne sommes pas du tout égaux face aux perturbations du sommeil. En ville, déjà, les habitants sont en première ligne. En période de canicule, la différence de température entre Paris et les zones rurales des alentours peut faire des écarts de près de 10°C la nuit. Ça a encore été observé cet été, et c’est lié aux phénomènes d’ilots de chaleur urbains. En clair, le soleil apporte de l’énergie le jour, qui est captée par les bâtiments, ou le bitume, et cette énergie est restituée la nuit, ce qui réchauffe l’atmosphère. Et celles et ceux qui ne peuvent pas se payer de climatisations, vivent sous les toits ou dans des logements mal isolés, voire à la rue, seront encore plus vulnérables que les autres.
Et je vais finir cette chronique par un chiffre. Des scientifiques américains, qui ont analysé le sommeil de plus de sept cent mille volontaires, ont effectué des projections sur les carences de sommeil. Résultat, avec le changement climatique, le nombre de mauvaises nuits devraient plus que doubler d’ici à 2100 si nous ne réduisons pas drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre.