Non, je ne me déconnecterai pas.

Se déconnecter ? Plutôt mourir !
Se déconnecter ? Plutôt mourir ! ©Radio France - Rolf Georg Brenner
Se déconnecter ? Plutôt mourir ! ©Radio France - Rolf Georg Brenner
Se déconnecter ? Plutôt mourir ! ©Radio France - Rolf Georg Brenner
Publicité

Pour la dernière émission de l'été, j'avais promis de tester la détox numérique. Résultat : cette semaine, j'ai tweeté tous les quarts d’heure…

Je l’avoue, je n’ai pas tenu. Enfin si, j’ai tenu une journée et c’était sans doute la pire de ma vie.

Tout a commencé au réveil. Je n’avais pas encore totalement ouvert les yeux que je voulais déjà jeter un œil à mon fil d’actualité. Faut dire qu'entre l’arrivée de Neymar au PSG, les ordonnances de Macron, les transferts en NBA et Donald Trump, l’actualité de cet été ne m’a pas aidé à décrocher !

Publicité

Je n’ai d'ailleurs jamais autant pensé au Président des Etats-Unis durant cette journée. Chaque fois que je voyais une personne qui pianotait sur son smartphone, je me disais que j’avais loupé un tweet de Donald Trump. Peut-être que le destin du monde a basculé à cause de 140 foutus caractères et que je ne suis même pas là pour retweeter.

Je me suis alors rendu compte que j’étais drogué. En fait, je suis un fumeur de tweet. Ma clope du matin, c’est faire défiler mes yeux sur un écran pour rattraper l’actualité de la nuit. Et comme tous les fumeurs, chaque fois que je voyais quelqu’un le pouce sur son écran, j’avais envie de replonger… et j'ai fini par craquer.

J’ai vu quelqu’un en train de regarder une vidéo sur Youtube. C’en était trop pour moi. J’ai rallumé mon Iphone et j’ai commencé à tweeter de façon hyper compulsive. Ensuite, je n’étais évidemment pas fier de moi. Et pour essayer de déculpabiliser, je me suis demandé : après tout, pourquoi devrais-je me couper du numérique ? Cela m’a rappelé mon pote fumeur qui me disait "à quoi bon arrêter de fumer ? On meurt bien de quelque chose". Mais jusqu’à preuve du contraire, on ne meurt pas du fait de trop utiliser un smartphone. Alors, pourquoi arrêter ? Pourquoi faire une digital detox ? A part l’argument que me répétait ma mère "ça va t’abîmer les yeux", je n’en trouve pas. Par contre, à l’inverse, j’ai un milliard de bonnes raisons de rester connecté.

Je suis né en 1992, je suis donc "un enfant du numérique". J’avais à peine appris à lire que je me connectais déjà à Internet. Les écrans m’ont en quelque sorte formé. Sans Wikipedia, je n’aurais sans doute jamais eu accès à autant de savoir. J’ai pu me promener des heures entières dans des fiches encyclopédiques d’écrivains, de philosophes, d’économistes… Wikipedia m’a instruit. Réellement. Sans le numérique et sans Youtube, je n'aurais pas vu les interviews d’Edward Murrow ou les matchs de Kareem Abdul Jabbar. Comment faire pour écouter à la fois Tony Benett, Joe Dassin, Puff Daddy et Booba sans le téléchargement illégal et le logiciel eMule ? C’est lui qui a façonné ma culture musicale et cinématographique. Grâce aux blogs, à Twitter et à Facebook, j’ai rencontré des gens formidables que je ne perdrais pour rien au monde.

Certes, je regarde mon téléphone plus de 200 fois par jour. Mais je suis ainsi. Je pense, donc je googlise. Les écrans ont toujours fait partie de ma vie. Sans eux, je ne serai plus le même. Alors, me déconnecter ? Plutôt mourir !

L'équipe