Le saviez-vous ? Les premiers chrétiens fêtaient moins Noël que les jeux du cirque, une grande fête sportive, où ils étaient l’attraction principale...
Tout le monde sait ce que sont les vergetures : des marques rouges causées les petites veines sous la peau distendue… Mais connaissez-vous l’évergétisme ? Et bien si les vergetures peuvent nous conduire dans une salle de sport, l’évergétisme – étudié par l’historien Paul Veyne – nous conduit dans l’Antiquité, pour les jeux du cirque !
Du pain et des jeux
Dans le monde gréco-romain, l’évergétisme désigne l’obligation qu’ont les plus riches de dépenser de l’argent pour la cité, en construisant des monuments, en aidant les plus pauvres mais aussi en organisant les jeux du cirque. Rien de tel pour se faire bien voir de la population que du pain et des jeux !
Au début de notre ère, avec Juvénal, ça tire à vue sur les jeux du cirque : dans ses Satires, le poète latin dit que les Romains sont :
Esclaves maintenant de plaisirs corrupteurs, Que leur faut-il ? Du pain et des gladiateurs !
Pourtant il s’agit là d’une composante essentielle du monde antique : sans les courses de char, les gladiateurs ou les jeux aquatiques… sans les amphithéâtres et le Circus Maximus, l’Antiquité fantasmée ne serait pas tout à fait la même !
Le circus Maximus
La Rome antique plonge dans la démesure quand il est question de sport : le Circus Maximus peut accueillir 150 000 spectateurs ! Les cirques, en forme d’ellipse, sont surtout des hippodromes et les amphithéâtres, de forme ronde, comme le Colisée à Rome, accueillent les combats de gladiateurs ou encore les fauves !
Il faut imager la foule impatiente d’assister au spectacle où hommes, femmes, vieillards, enfants se précipitent. Les meilleures places sont recherchées, surtout celles abritées du soleil grâce à l’immense voile tendu au-dessus du cirque.
Il est même nécessaire de renforcer la garde dans la cité vidée de sa population, pour éviter que les voleurs n’en profitent ! Les athlètes sont des célébrités adulées que tout le monde connaît, que tout le monde envie. Ils assurent le spectacle !
Des prouesses techniques déployées pour le plaisir du peuple
Les amphithéâtres sont équipés d’un plancher mobile, avec tout un système de coulisses, de souterrains, de trappes et de monte-charge pour faire apparaître ici les fauves, là les gladiateurs.
Parfois, l’amphithéâtre se transformait en véritable lac pour accueillir des combats navals !
La prouesse déployée pour organiser ses spectacles nous sidère encore…
Pourtant, déjà au premier siècle, dans une de ses lettres, Pline le Jeune exprime la lassitude que lui inspirent les jeux du Cirques, il écrit :
[C'est un] genre de spectacle, qui ne me séduit à aucun degré. Là-dedans, rien de nouveau, rien de varié.
Et Pline ajoute :
[je suis] étonné que des milliers d’hommes redeviennent de grands enfants face aux cochers debout sur leurs chars.
C’est vrai qu’à force de voir ces spectacles se répéter, ça peut lasser… heureusement, les chrétiens sont là !
Les chrétiens sont une menace pour l’ordre établi !
En soit, les Romains se moquent de leur religion: ici, on n’est pas à un ou deux dieux près… Le problème avec les chrétiens, c’est qu’ils sont exclusifs : ils refusent de rendre un culte à l’empereur et ça, c’est intolérable : il faut les éliminer !
Puisque le peuple réclame du pain et des jeux, autant faire d’une pierre deux coups : les chrétiens sont invités au cirque ! Et vas-y que je te crucifis Saint Pierre, la tête en bas, au centre de la piste ! Et vas-y que je t’envoie Sainte Blandine dans l’arène face aux fauves ! Pareil pour Saint Léonce ou Saint Auxence… Saint Almachius, lui, eut à faire aux gladiateurs.
Hélas pour les Romains, les chrétiens ne jouent pas le jeu : là où l’on attend du spectacle, ils subissent, impassible, le martyre. Tu parles d’une fête !
Pour se consoler, les païens peuvent aller boire un coup car, lors des jeux du cirque dans l’Antiquité, comme pour nous à Noël, la fête est alcoolisée.
Les chrétiens ont le vin de messe, et bien Rome a le Colisée !
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