

De la Première série de district à la Ligue 1 de football, Guingamp est un club attachant avec une histoire qui mérite que l’on s’y attarde. Alors, en avant Guingamp !
Une plume sergent-major et de l’encre violette, une carte murale et une leçon de morale : aujourd’hui, nous jouons au foot dans la cour de récré de l’école républicaine, là où commence l’histoire de l’En avant Guingamp !
Une association bien nommée
L’école est publique, laïque et obligatoire ! Voilà les valeurs que défend Henri Deschamps, le directeur de l’école primaire supérieur des garçons, de Guingamp.
Nous sommes en 1912, dans les Côtes du Nord qui n’étaient pas encore les Côtes d’Armor… Ici, dans la très catholique Bretagne, une poignée d’instituteurs portent haut les valeurs de la laïcité et de l’enrichissement des jeunes esprits par l’instruction. Puisque qu’une tête bien pleine ne peut pas être portée par un corps chétif, Henri Deschamps crée une association sportive.
De l’athlétisme et de la gymnastique, de quoi se défouler au grand air – ah, le bon air breton – mais aussi du football. L’œuvre de ce "hussard noir de la République", selon l’expression imposée par Charles Peguy en 1913, est soutenue par le maire de Guingamp, le radical Jean-Marie Lorgeré.
Henri Deschamps cherche un nom pour son association… Il aurait pu l’appeler : Allez les p’tits gars, on va ! ou encore C’est parti les kiki ! mais non : le nom que ce laïcard choisi est : "En avant !... En avant Guingamp !"
Guingamp : du local au national
Après la Première Guerre mondiale, l’association "En avant Guingamp" est de moins en moins pluridisciplinaire pour se consacrer au ballon : c’est ainsi que naît le club de foot que nous connaissons, un club rouge et noir !
Son premier président est André Lorgeré, le fils de l’ancien maire. Il est secondé dans sa tache par Georges Voisin, instituteur public, premier secrétaire de l’Union locale GCT et fondateur de la colonie de vacances « Les P’tits gars d’En Avant ».
À son tour, comme papa, André Lorgeré devient maire de Guingamp, et député radical-socialiste et même ministre : durant quelques mois, en 1934, dans le gouvernement Daladier, il est sous-secrétaire d’État chargé de l’éducation physique. C’est une belle ascension politique : il est passé de la mairie de Guingamp (le local) à la députation (le national)… Et bien le club suit le même parcours : première puis deuxième division de district, division d’honneur et promotion d’honneur !
Première Coupe de France
En 1929, Guingamp participe à sa première Coupe de France : élimination au premier tour !
Pour le club, les années 1930 sont pourtant porteuses d’espoir : même le Racing Club de Paris vient jouer ici ! L’En avant porte bien son nom ! Sans grand étonnement, c’est dans les années 1940 que les choses se compliquent : Guingamp est occupé par les Allemands, André Lorgeré est écarté et Georges Voisin, l’instit’, est déporté : pour ses actes de résistance, c’est Buchenwald puis Flössenburg, d’où il ne revient pas…
Durant la guerre, le club rouge et noir prend une teinte ouvrière : l’En avant Guingamp est soutenu par les usines Tanvez, fleuron de l’industrie métallurgique bretonne. Leur patron, Hubert Couquet, devient même président du club après-guerre, en 1945… mais il faut attendre encore quelques années, quatre ans, pour que l’En avant Guingamp retrouve la division d’honneur, le sommet de la hiérarchie régionale !
L' ascension fulgurante du club dans les années 1970
Dans les années 1960, la France savoure les Trente Glorieuse mais, pour l’En Avant Guingamp, la période n’est pas très glorieuse car pour leur éviter de prendre des buts, il aurait fallu deux goals ! Mais après ce petit passage en arrière, dès les années 1970, c’est de nouveau En avant, Guingamp ! Le club connaît une ascension fulgurante sous l’égide d’un nouveau président : Noël le Graët. Comme pouvaient le dire les Guigampais anglophones : « Avec le Graët, c’est génial ! » La France admire Guingamp et fait du nom du club une sentence populaire : "En avant, Guingamp !"
En 1973, pour la coupe de France, le club élimine quatre clubs de Division 2… On peut parler d’épopée ! Le club atteint ensuite lui-même la D2, puis la D1… Voilà l’histoire contemporaine de Guingamp : des petits allers-retours entre l’élite et un classement plus modeste… Des noms clinquants sont attachés au club : Stéphane Guivarc’, Xavier Gravelaine, Didier Drogba, Florent Malouda… mais aussi Roudourou, le joli nom du stade de Guingamp !
Ainsi, le petit club breton, né sur les bancs de l’école laïque, est devenu un des chouchous des Français qui, tout autant que « quand faut y aller, faut aller », ont adopté le « en avant Guingamp ! »
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