Kareem Abdul-Jabbar, 70 ans et une carrière exceptionnelle

Le joueur de basketball Kareem Abdul-Jabbar est honoré à la mi-temps lors d'un match universitaire qui opposait "UCLA Bruins" et "Arizona Wildcats" après avoir reçu la Médaille présidentielle de la liberté, du président Obama, le 21 janvier 2017
Le joueur de basketball Kareem Abdul-Jabbar est honoré à la mi-temps lors d'un match universitaire qui opposait "UCLA Bruins" et "Arizona Wildcats" après avoir reçu la Médaille présidentielle de la liberté, du président Obama, le 21 janvier 2017 ©AFP - KEVORK DJANSEZIAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA
Le joueur de basketball Kareem Abdul-Jabbar est honoré à la mi-temps lors d'un match universitaire qui opposait "UCLA Bruins" et "Arizona Wildcats" après avoir reçu la Médaille présidentielle de la liberté, du président Obama, le 21 janvier 2017 ©AFP - KEVORK DJANSEZIAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA
Le joueur de basketball Kareem Abdul-Jabbar est honoré à la mi-temps lors d'un match universitaire qui opposait "UCLA Bruins" et "Arizona Wildcats" après avoir reçu la Médaille présidentielle de la liberté, du président Obama, le 21 janvier 2017 ©AFP - KEVORK DJANSEZIAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA
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Il mesure 2,18 mètres ! Sans rire, il fut un temps où être si grand vous conduisait direct chez Barnum, comme attraction, un point c’est tout...

Mais pas Kareem Abdul-Jabbar : ses 2,18 mètres l’ont conduit jusqu’au sommet du basket-ball, trois points, c’est tout !

À New York, tout au nord de Manhattan, le 16 avril 1947, est né le petit Ferdinand Lewis Alcindor. Enfin, petit… 57 cm pour 5 kg 7 : beau bébé, bravo à la maman ! Ce gamin nous l’appelons aujourd’hui : Kareem Abdul-Jabbar. Pour le moment, il est un jeune Newyorkais, bien loin du cliché du petit noir défavorisé qui passe ses journées à zoner : son papa est agent de police pour la ville de New York. S’il traîne dans la rue, c’est parce qu’il y trouve les playgrounds, ces terrains de jeux offerts par la municipalité à la jeunesse qui aime dribler. Est-ce que ses parents râlent de le voir ainsi jouer au basket ? Sans doute pas : il est un très bon sportif, ses résultats scolaires sont excellents et je vous ai dit que son papa est policier : qu’il soit de basket ou à salade, tout ça reste une histoire de panier.

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Quel grand jeune homme ! Il mesure déjà deux mètres au moment d’aller au lycée. Bien sûr, ce géant ne laisse pas indifférent, d’autant qu’en classe, il n’est pas une quiche : voilà de quoi attirer les convoitises. Lewis Alcindor se fait un nom dans les championnats des High School… puis, quand il s’agit d’aller à l’université, son choix se porte celle de Californie, la prestigieuse UCLA. Là encore il triomphe : le sport universitaire aux États-Unis fait partie de la culture, de l’identité du pays. Nous sommes alors à la fin des années 1960. Les combats pour l’émancipation des Noirs ont été le décor de toute son enfance. Bien sûr la ségrégation a pris fin en 1964, les droits civiques ont été accordés l’année suivante, mais la lutte n’est pas terminée : Martin Luther King est assassiné en 1968. C’est dans cette ambiance que Ferdinand Lewis Alcindor devient Kareem Abdul-Jabbar !

Pourquoi se convertir à l’islam quand on est un noir américain issu d’une famille catholique ? Tout simplement parce que la Nation de l’islam donne l’espoir de l’émancipation. Aussi parce qu’on admire Malcolm X mais surtout Cassius Clay, devenu Mohamed Ali en 1964. Les sportifs savent qu’ils ont un rôle à jouer dans la société : ils sont les modèles d’une jeunesse qui veut choisir son avenir. Kareem Abdul-Jabbar rejoint les Bucks de Milwaukee en 1969, puis il adopte le maillot des Lakers de Los Angeles, en 1975.

Rien ne sert de détailler son parcours sportif. Disons tout simplement qu’il est brillant et qu’à plusieurs reprises il est couronné meilleur joueur. D’ailleurs, certains de ses records ne sont toujours pas battus : il est le meilleur marqueur de la NBA. Puis il y a le skyhook, un tir en crochet avec une seule main, le bras roulé et le corps en suspension : ça, c’est sa marque de fabrique.

Kareem Abdul-Jabbar arrête sa carrière en 1989, après vingt ans d’exploits. Il a marqué les esprits, c’est sûr avec son physique incroyable et ses grosses lunettes de protection, qu’il décide de porter après une blessure.

Son engagement politique n’a jamais cessé, auprès des enfants, contre l’apartheid… Plus récemment, il a soutenu Hillary Clinton face à Donald Trump contre qui il appelle désormais à résister.

Une légende américaine, d’accord, mais apte à l’autodérision : souvenez-vous, en 1980, il est Roger Murdoc, le copilote un peu looser dans le film Y’a-t-il un pilote dans l’avion ? pour la scène des prisons turcs et des films sur les gladiateurs. Dans ce film, un gamin explique que Kareem Abdul-Jabbar est un basketteur dépassé ! Erreur, car il est toujours là et aujourd’hui, il fête ses soixante-dix ans, ce gladiateur humaniste !