La CAN, la Coupe d’Afrique des Nations, se déroule cette année au Gabon : 16 pays sont représentés, de l’Algérie au Zimbabwe, du Sénégal à l’Égypte...
En Afrique comme ailleurs, pour une bonne petite recette d’identité nationale, il faut quelques ingrédients savamment choisis :
- un drapeau plein de couleurs,
- un hymne chantant,
- une bonne grosse devise,
- une pincée d’animal fétiche…
- et bien sûr une équipe nationale de football !
6 juin 1956, réflexions pour une Coupe d'Afrique des nations
Ce jour là, ils sont sept ! Ni nains, ni samouraïs, ni mercenaires, ils sont sept hommes venus d’Afrique, réunis dans un hôtel à Lisbonne : le 6 juin 1956, sept représentants du football africain se retrouvent pour imaginer une confédération africaine et, dans la foulée, une compétition continentale de foot. Ils sont sept mais ne représentent que trois pays : l’Égypte, l’Afrique du Sud et le Soudan, qui a obtenu son indépendance du Royaume-Uni seulement six mois plus tôt. Oh, les autres pays africains n’ont pas séchés la réunion : non, tous les autres, sauf le Libéria ou encore l’Éthiopie, sont encore colonisés ! Ainsi, ce sont les représentants de seulement trois pays qui discutent en 1956 pour créer une coupe d’Afrique des nations !
Février 1957 : la première Coupe d’Afrique des nations
La réunion de Lisbonne a mis en place les bases de la Coupe d’Afrique, avec ses statuts, son règlement et son premier président, l’ingénieur agronome et égyptien Abdelaziz Abdallah Salem, mais aussi un trophée, ciselé au Caire et offert par le président Salem.
La compétition est prévue tous les deux ans, alors autant commencer très vite, dès l’année suivante, en 1957. C’est Khartoum qui est choisi, la capitale du Soudan, ce jeune État indépendant… oui, ça Khartoum !
La Coupe d’Afrique est ouverte à toutes les nations qui souhaitent y participer… Plus on est de fou, plus on joue ! Le seul souci étant qu’en Afrique, il n’y a pas encore beaucoup de nations, il y a surtout des pays colonisés !
À Khartoum, en février 1957, ils sont quatre fantastiques : le Soudan, l’Égypte, l’Afrique du Sud… et maintenant l’Éthiopie. Quatre pays qui se retrouvent pour jouer la première Coupe d’Afrique des Nations. Le mois de février est bien choisi, loin de la saison des pluies et des chaleurs de l’été.
Une compétition en trois équipes et deux matches
Pourtant, tout de suite, il y a un couac : l’Afrique du Sud est disqualifiée en raison de l’apartheid : le pays n’a pas voulu de noirs dans son équipe ! Quatre mois un, ça fait trois… c’est donc à trois que se dispute cette première Coupe d’Afrique !
Et à trois, ça dure moins longtemps : la compétition commence directement avec les demi-finales, désignées par tirage au sort ! Le 10 février, le Soudan est battu par l’Égypte ; le lendemain, pour le match Éthiopie / Afrique du Sud, ben il n’y a pas de match puisque l’Afrique du Sud est disqualifiée.
En finale, six jours plus tard, l’équipe égyptienne l’emporte haut la main face à l’Éthiopie, 4-0. Fin de cette incroyable compétition avec trois équipes et seulement deux matches.
1959 : la deuxième compétition, au Caire
Les statuts de la Coupe d’Afrique prévoyant une compétition tous les deux ans, nous voici maintenant en 1959 ! Cette fois, c’est au Caire, que les équipes vont se mesurer… dans l’Égypte de Nasser, farouche anticolonialiste : le sport, c’est politique !
Mais n’imaginez un déploiement de moyens délirant : il n’y a que trois pays représentés, toujours les mêmes. C’est donc un kikinou championnat qui est donc organisé, avec trois matchs et, une nouvelle fois, c’est l’Égypte qui gagne !
Au même moment, partout en Afrique, en pleine ferveur indépendantiste, les populations constatent qu’il existe une Coupe d’Afrique des Nations : oui, il est possible de choisir son destin !
Coupe d'Afrique des nations et émancipation
Alors, il serait exagéré de dire que la Coupe d’Afrique a poussé aux indépendances, mais ce serait une erreur d’oublier qu’elle y a un peu contribué. Ainsi, très vite, les trois pays pionniers, dont l’Égypte de Nasser, sont rejoints par de nouvelles nations... Ca sert aussi à ça le foot : à émanciper !
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