Portrait d'Emile Allais, une légende du ski alpin !

Le skieur français Emile Allais remporte la médaille d'or au championnat du monde de ski alpin à Chamonix en 1937
Le skieur français Emile Allais remporte la médaille d'or au championnat du monde de ski alpin à Chamonix en 1937 ©Getty -  Imagno
Le skieur français Emile Allais remporte la médaille d'or au championnat du monde de ski alpin à Chamonix en 1937 ©Getty - Imagno
Le skieur français Emile Allais remporte la médaille d'or au championnat du monde de ski alpin à Chamonix en 1937 ©Getty - Imagno
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À l’heure de la Coupe du monde de ski alpin, où brillent Mathieu Faivre et Alexis Pinturault, souvenons-nous d’Émile Allais, une légende du ski alpin !

Il fut le premier partout ! Le premier Français à être champion du monde de ski alpin, le premier Français médaillé olympique dans cette discipline, le premier moniteur de ski diplômé, le premier à porter un fuseau…! Allez, le premier c’est bien lui : Émile Allais !

Les débuts du ski

Quelle destinée pouvait espérer le petit Émile Allais, né à Megève en 1912 ? Puisqu’il est le fils du boulanger du village, dans ce coin perdu de montagne, il aurait dû être mitron… ou bien ramoneur, comme le petit Savoyard dans la chanson Étoile des neiges : « Alors il partit vers la ville, et ramoneur il se fit, sur les cheminées dans le vent et la pluie, comme un petit diable noir de suie ! »

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Mais Émile Allais ne se destine pas au pétrissage et encore moins au ramonage : il skie !

Voilà qui tombe bien : dévaler les pentes avec élégance est la nouvelle passion hivernale des plus fortunés. Surtout à Megève, une station créée durant l’entre-deux guerres par la baronne Noémie de Rothschild. La clientèle aisée, ceux qu’on appelle les hivernants, a besoin d’un personnel qualifié pour apprendre à skier : Émile Allais est de ceux-là !

Un palmarès exceptionnel !

Après un passage parmi les chasseurs alpins, service militaire oblige, c’est une ascension fulgurante qui commence pour Émile Allais : il enchaîne les descentes remarquables !

Le voici en 1935, en Suisse, pour les premiers championnats du monde de ski alpin : deux médailles d’argent !

Le champion de ski français Emile Allais, vers 1935
Le champion de ski français Emile Allais, vers 1935
© Getty - Imagno

Le voici en 1936, à Garmisch-Partenkirchen où, dans l’Allemagne nazie, pour la première fois, le ski alpin est inscrit aux Jeux olympiques. Émile Allais arrive troisième, derrière deux Allemands. Sur le podium, la photo est belle : les deux Allemands vêtus de noir, le bras tendu, font le salut nazi. Émile Allais, lui, en blanc, garde les bras le long du corps… mais il ne peut refuser de serrer la main d’Hitler.

Et le voici maintenant en 1937, à Chamonix : il remporte trois médailles d’or aux championnats du monde : descente, slalom et combiné, et encore une médaille l’année suivante, en Suisse. C’est un palmarès exceptionnel ! La presse est enthousiaste devant « l’enfant chéri de ses montagnes » (Le Petit Parisien, 16 février 1937).

Dans les journaux, Allais est « le farfadet des neiges ou M. le recteur de l’Académie du ski » (L’Intransigeant, 2 janvier 1938).

L'inventeur d'une nouvelle méthode pour skier

Nous connaissons tous un champion qui lit… et bien en voici un qui écrit ! Émile Allais fait paraître en 1937 un ouvrage sobrement intitulé : Ski français. Ce qu’il y propose est révolutionnaire : une nouvelle méthode pour skier, concurrente à la méthode autrichienne.

Comment la résumer ? Il est question de virage avec les skis parallèles… Non, n’allez pas imaginer un cours sur le planter du bâton, même si dès l’arrivée, pour vous récompenser, nous pourrons prendre un petit verre de vin chaud !

La méthode Allais, autrement dit la méthode française, est la synthèse des expériences d’un champion qui maîtrise et qui veut réformer la méthode autrichienne. Le mieux, sans doute, pour comprendre l’apport d’Émile Allais au ski alpin est de lire Le Petit Journal, le 10 août 1940 :

Ce montagnard calme et trapu, se transforme dès qu’il est sur ses planches : il n’est plus dès lors qu’élégance, vitesse, défi à l’équilibre, mais il réfléchit toujours. C’est avec la tête qu’on gagne, a-t-il l’habitude de dire. La méthode lui a réussi.

Le premier moniteur de l'ESF

L’année où Émile Allais propose sa nouvelle méthode de ski, Léo Lagrange, ministre des Loisirs et des Sports, lance l’idée d’une École nationale de ski français. Comme une évidence, Allais en devient le premier moniteur diplômé.

Emile Alais, le daron des moniteurs français !
Emile Alais, le daron des moniteurs français !
© Getty - Keystone-France

Après la Seconde Guerre mondiale, dans le monde entier, il part diffuser sa méthode et contribue à l’aménagement d’espaces skiables aux États-Unis, au Chili, au Canada !

En France, pisteur ici et là, il participe à la création de Courchevel. C’est lui qui met au point de nouveaux skis pour la marque Rossignol… C’est pour lui que sont créés les fuseaux Allard… Une vie glorieuse !

Émile Allais était né en 1912 à Megève et il calanche en 2012 à Sallanches. Le père du ski français avait cent ans !

Couvert de gloire au pays des chocards, toujours fringuant sur ses Rossignols, il ne s’est jamais laissé berner par le miroir aux alouettes… Le daron de tous les moniteurs français a su conserver son chaleureux regard bleu et son sourire avenant… Ce sourire qui invite, dès l’arrivée, pour vous récompenser, à prendre un petit verre de vin chaud !