Portrait d'Enzo Ferrari, le "cavaliere" des courses automobiles !

Enzo Ferrari, le président de la marque Ferrari, discute avec le pilote Gilles Villeneuve
Enzo Ferrari, le président de la marque Ferrari, discute avec le pilote Gilles Villeneuve ©Maxppp - EFE/Newscom
Enzo Ferrari, le président de la marque Ferrari, discute avec le pilote Gilles Villeneuve ©Maxppp - EFE/Newscom
Enzo Ferrari, le président de la marque Ferrari, discute avec le pilote Gilles Villeneuve ©Maxppp - EFE/Newscom
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Le professeur Mauduit profite du Grand Prix d’Italie à Monza pour revenir sur le destin d’un pilote dont le nom est devenu pour beaucoup le synonyme d’un rêve : Enzo Ferrari !

Cet hiver là fut d’une rudesse exceptionnelle, fait rare dans le nord de l’Italie. C’est à Modène, couverte de neige, qu’est né Enzo Ferrari, en février 1898 !

Son papa est dans la métallurgie… et il est passionné de bagnole ! L’engin est tout récent mais rencontre déjà un grand succès. Tiens, en 1908, une course a lieu à Bologne : papa Ferrari y emmène ses deux fils, Alfredo et Enzo. Pour le gamin de dix ans, c’est une révélation : le bruit des moteurs, l’odeur de l’essence, la vitesse surtout !

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Pourtant très vite, le moteur est grippé… En 1916, en pleine Guerre mondiale, la grippe espagnole fait des ravages. Papa Ferrari et le jeune Alfredo sont emportés : Enzo est privé de son père et de son frère ! Lui aussi est touché, l’année suivante, alors qu’il est mobilisé dans l’artillerie. Sa convalescence est longue… De toute façon pour piloter, il faut attendre la fin de la guerre !

Nous voici dans les années 1920. Enzo Ferrari est maintenant un pilote de renom. Dans ces années folles, quand on dit Ferrari, les passionnés répondent aussitôt : Alfa Romeo ! Il y est le champion, la tête pensante et le directeur sportif !

Affaires sensibles
55 min

Enzo Ferrari est la coqueluche de la bonne société italienne… Ainsi, le champion a la chance de rencontrer des aristos au nom prédestiné : le comte et la comtesse Barraca ! Pourquoi cet intérêt pour ce jeune pilote? Ont-ils retrouvés en lui l’image de leur fils, Francesco, un as de l’aviation, mort en combat en 1918 ? Sans doute… Quand Enzo Ferrari évoque l’idée de créer sa propre écurie de course automobile, la comtesse lui fait une de ces offres qu’on ne peut pas refuser : il pourra utiliser l’écusson que Francesco avait peint sur son avion - un cheval cabré !

En 1929, Enzo fonde son écurie à lui : la Scuderia Ferrari ! C’est la naissance du mythe… avec un cheval pour emblème - mais, avec pour voiture, toujours des Alfa Romeo !

En 1934, dans le journal sportif Match l’Intran, Enzo Ferrari est décrit comme :

L’homme qui – mieux que tout le monde – sait découvrir et lancer un champion !

Le pilote est devenu mentor !

Sa Scuderia est une réussite qui agace chez Alfa Romeo : il faut se séparer de ce Ferrari, le mettre à la casse ! Enzo ne l’entend pas ainsi…

Le 29 août 1937, les lecteurs du Figaro apprennent la nouvelle. Je vous la livre : le pilote Enzo Ferrari quitterait très prochainement l’écurie Alfa Roméo !

C’est la rupture ! Enzo a son écurie, il veut maintenant ses voitures : durant la guerre, il construit en secret son projet… Et c’est en 1947 qu’il crée sa marque : Ferrari ! Oui, elle est là, la première Ferrari, la 125 S ! Elle est rouge et elle va vite ! En 1952, Ferrari remporte son premier championnat du monde… le premier d’une longue série !

Andrea Costonovo, le directeur européen de Ferrari, reçoit un trophée d'un pilote assis à une Ferrari 125 S de 1948, sur la place Lealtad à Madrid le mercredi 4 avril 2007
Andrea Costonovo, le directeur européen de Ferrari, reçoit un trophée d'un pilote assis à une Ferrari 125 S de 1948, sur la place Lealtad à Madrid le mercredi 4 avril 2007
© Maxppp - J.L. PINO/EPA

Le père de la Scuderia et de la 125 S est aussi le papa de Dino… Dino diminutif d’Alfredo, comme un hommage au grand frère mort de la grippe espagnole…

Dans l’empire Ferrari, Enzo a besoin d’un héritier : Dino, l’ingénieur, le concepteur d’un redoutable moteur V6… mais Dino est de santé fragile. Une myopathie… En 1956, Enzo remporte un nouveau titre mais perd son fils…

L’histoire sportive verse peu à peu dans la mythologie… Enzo le héros, le champion devenu capitaine d’industrie, se bat pour la Scuderia, pour le mythe, pour le cheval cabré !

Mais le héros a un secret : Piero Lardi, directeur sportif de la Scuderia, est en réalité son fils caché ! Entre scandale et bonne nouvelle, Enzo reconnaît son enfant en 1978 : Ferrari est bien une dynastie !

Enzo était né sous la neige, à Modène, et il est mort dans sa ville natale, en 1988, âgé de 90 ans… Aujourd’hui, Ferrari compte, et de loin, le plus grand nombre de titre de champion du monde des constructeurs. Sans doute jamais aucun cheval fougueux n’était resté cabré aussi longtemps !