Doctolib, maillon essentiel de la vaccination

Doctolib, maillon essentiel de la vaccination
Doctolib, maillon essentiel de la vaccination ©AFP - FLORIAN JANNOT-CAEILLETÉ / HANS LUCAS
Doctolib, maillon essentiel de la vaccination ©AFP - FLORIAN JANNOT-CAEILLETÉ / HANS LUCAS
Doctolib, maillon essentiel de la vaccination ©AFP - FLORIAN JANNOT-CAEILLETÉ / HANS LUCAS
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Depuis l’ouverture mercredi de la vaccination à tous les adultes, chacun cherche son créneau sur Doctolib. Est-ce qu’on peut dire que la plateforme de mise en relation est devenue incontournable ?

En début de semaine, Doctolib revendiquait près de 27 millions de créneaux réservés en France pour se faire vacciner. C’est aujourd’hui le premier moyen pour décrocher un rendez-vous. A Alternatives Economiques, on a fait un petit calcul : si on met de côté les vaccinations qui ont lieu dans les Ehpad et chez certains médecins et pharmaciens sans rendez-vous, on peut estimer que 80 à 90 % des vaccinations passent par Doctolib. De quoi accélérer la croissance de la start-up française née en 2013, qui avait réussi un coup de maître en décrochant trois ans plus tard le marché de la prise de rendez-vous des hôpitaux de Paris. Avec Blablacar ou Deezer, Doctolib fait partie des rares licornes françaises, ces start-up valorisées plus d’un milliard de dollars.

Cela signifie que Doctolib n’a pas de concurrent en France sur le marché de la prise de rendez-vous médicaux ?

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Si, mais ils ne font pas le poids. Pressé de lancer la campagne de vaccination, le gouvernement n’a pas passé d’appel d’offre. Il a demandé aux centres de vaccination de choisir entre trois plates-formes : Doctolib, Maiia ou Keldoc. Et sans surprise, Doctolib s’est largement imposée : avec ses 45 millions de comptes, elle était déjà plébiscitée par la population pour les rendez-vous médicaux ordinaires. Dans l’économie numérique, c’est ce qu’on appelle la loi des effets de réseaux : plus la plate-forme attire de patients, plus les professionnels de santé ont intérêt à y être présents, ce qui amène en retour toujours plus d’utilisateurs. Bref, le succès va au succès, et les rivaux de Doctolib peinent à exister.

C’est donc une affaire rentable pour Doctolib ?

Pas encore. C’est une bonne affaire pour les médecins et les centres de vaccination : ça leur coûte une centaine d’euros par mois d’être présents sur la plateforme, c’est moins cher que d’avoir leur propre système de prise de rendez-vous. Mais Doctolib, lui, perd de l’argent depuis sa création et il n’est pas sûr qu’il soit rentable cette année. Comme toutes les start-ups, son objectif, c’est de se développer toujours plus pour dominer complètement son marché avant d’engranger les profits. Doctolib est en passe de gagner son pari : il détient aujourd’hui un quasi-monopole sur un maillon essentiel du parcours de soins. C’est inédit et c’est problématique.

Pourquoi est-ce problématique ?

Certains médecins se plaignent qu’avec Doctolib, ils ont perdu la maîtrise de leurs carnets de rendez-vous. On pourrait leur répondre que si Doctolib ou le site associatif Vite ma dose ont autant de succès, c’est que ni l’Assurance Maladie, ni les professionnels de santé n’ont réussi à accoucher d’outils aussi performants. 

Autre inquiétude légitime : le choix de Doctolib d’être hébergé chez Amazon, le roi du cloud, l’informatique en nuage. La crainte, c’est que l’Etat américain accède aux données personnelles de dizaines de millions de Français. C’est d’autant plus préoccupant qu’avec le développement de la télémédecine, les consultations et l’envoi des ordonnances transiteront sans doute bientôt par les serveurs de Doctolib. Il est donc plus que temps pour l’Etat d’inventer une manière d’encadrer ces nouveaux géants privés de la santé. 

Pour aller plus loin :

  • « Vaccination : mais qui arrêtera Doctolib ? », c’est un article à lire sur le site d’Alternatives Economiques.
    Et vous pouvez retrouver en kiosque le numéro de mai du journal avec à sa une : « La révolution Biden ».