L’industrie musicale en émoi

France Inter
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Jean-Michel Jarre, star iconique de la musique Techno revient sur le devant de la scène.

En ces temps de pandémies où les industries culturelles sont en souffrance, Jean-Michel Jarre, 72 ans, soufflera un air d’espoir, le 31 décembre, à 23h30. Ca se passera au Studio Gabriel, près de la Concorde à Paris.

Il faut l’imaginer devant ses platines et claviers, casque sur les yeux, combinaison équipée de capteurs qui dessineront son avatar : il se produira dans une Notre-Dame de Paris virtuelle, modélisée en 3D, avec lasers, projections graphiques, et jeux de lumière. Un concert en direct comme on n’en a jamais vu.

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La première expérimentation mondiale a eu lieu dans les jardins du Palais-Royal, le 21 juin dernier, lors de la Fête de la musique. Sorte de répétition générale. Faute de pouvoir célébrer le réveillon sur les Champs Elysée cette année, la Maire de Paris Anne Hidalgo a vu dans l’idée folle de Jean-Michel Jarre, une solution inespérée pour que la fête soit tout de même au rendez-vous dans la capitale. Avec ce show baptisé Welcome to the other side – Bienvenue de l’autre côté.

Une année riche en événement pour le musicien qui a aussi démontré ses talents de dur négociateur en affaires…

La France vient d’autoriser la transposition de la directive européenne sur la rémunération des auteurs-compositeurs à l’ère numérique. Et Jean-Michel Jarre y est pour beaucoup.

Voilà sept ans qu’il bataillait à la tête de la Cisac (Confédération internationale des sociétés d’auteurs et compositeurs), pour empêcher les géants américains de la Tech d’étouffer définitivement la création. En 2013, il avait succédé à Robin Gibb (ex-Bee Gees) aux commandes de l’association.

Plusieurs noms circulaient alors pour gérer ce pactole des droits d’auteur mondiaux qui atteignent 9,7 milliards d’euros : Elton John, Paul McCartney… Encore des Anglo-Saxons! Il fallait un Français au rayonnement planétaire, ça ne court pas les rues. Jean-Michel Jarre a relevé le défi. Il a mené campagne dans les colloques, auprès des gouvernants, de la presse. Les autres artistes ne se sont pas bousculés pour le soutenir : “Vas-y, toi, good luck.”

En 2019, à trois jours d’un vote crucial au Parlement de Strasbourg, il a soudain eu idée pour faire pression sur les eurodéputés : demander aux artistes européens de s’enregistrer en vidéo avec ces simples mots “Just say yes”. De Jean-Jacques Goldman, à Wim Wenders… Jean-Michel Jarre a collecté plusieurs centaines de vidéos en quelques heures. Et gagné le vote des députés.

Si Jean-Michel Jarre est si rompu aux relations avec les pouvoirs politiques, il le doit à ses concerts géants, devenus sa marque de fabrique. 

Il a vendu près de 90 millions d’albums dans le monde et organisé des concerts qui ont parfois rassemblé plusieurs millions de fans, comme à Moscou en 1997 : 3,5 millions de personnes – record du monde.

Ils exigent un important déploiement de sécurité et n’existent que sous l’égide des municipalités, voire des Etats qui, souvent, les financent, à hauteur de plusieurs millions d’euros. Il sait que ses concerts sont parfois des enjeux géopolitiques. Mais il est contre toute forme de boycott. Il croit en une culture « Cheval de Troie ».

Dans quelques jours, son concert parisien aura une tout autre vocation. Mais dès le premier janvier, il pourra se projeter de l’autre côté : d’ici douze à quinze mois, il espère se produire, en Corée du Nord. Cette fois-ci, « physiquement ».

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