Le temps des majors de l’or vert

Eoliennes sur les hauteurs
Eoliennes sur les hauteurs ©Getty -  Yuhan Liao
Eoliennes sur les hauteurs ©Getty - Yuhan Liao
Eoliennes sur les hauteurs ©Getty - Yuhan Liao
Publicité

Focus ce matin sur un phénomène dont on parle assez peu : l’émergence de nouveaux géants de l’énergie. Une véritable révolution.

Si je vous avais demandé il y a un an, il y a dix ans, ou même il y a vingt ans : quel est le géant de l’énergie le plus valorisé en Bourse de la planète, vous m’auriez cité une major du pétrole, et très probablement Exxon, Shell ou un autre. Et vous auriez eu raison.

Or ce n’est plus le cas aujourd’hui. La société énergétique la plus valorisée en Bourse est toujours américaine, mais elle s’appelle NextEra Energy. Sa capitalisation boursière, plus de 150 milliards de dollars, est supérieure à celle d’Exxon, le descendant direct de la Standard Oil de Rockfeller. En Europe le même phénomène est visible, les Shell, les BP et autre Total sont bousculés voire dépassés par l’italien Enel ou l’espagnol Iberdrola.

Publicité

Les marchés financiers sont bel et bien en train de faire leur transition énergétique

 Ils passent du noir au vert, des hydrocarbures aux éoliennes et au solaire, du moteur à explosion à la propulsion électrique. C’est un changement profond.

Comme vous pouvez l’imaginer, ces nouveaux chouchous de la Bourse ne produisent ni pétrole, ni gaz. Ce sont les champions de l’électricité verte. NextEra Energy est au Etats-Unis le leader de l’éolien et du solaire. Iberdrola et Enel sont en Europe les sociétés les plus dynamiques sur ces énergies renouvelables.

Histoires économiques
2 min

Est-ce que ce grand chassé-croisé des sociétés énergétiques est durable ?

Je le crois pour plusieurs raisons :

  • pour des raisons environnementales

 La transition énergétique s’impose partout. Chez les citoyens du monde entier, dans nos politiques européennes, dans les entreprises qui cherchent à réduire leur empreinte carbone, et de plus en plus aussi chez les investisseurs qui sont chaque année plus nombreux à annoncer qu’ils ne veulent plus financer les activités les plus polluantes et notamment les le charbon ou le pétrole.

En réalité, ils cherchent avant tout à se positionner sur les entreprises qui incarnent cette transition énergétique. Or elles sont encore rares, ce qui provoque une certaine spéculation et donc une envolée de leur cours de Bourse.

 

  • pour des raisons économiques profondes

Les énergies renouvelables sont de plus en compétitives. Le solaire sera bientôt moins cher que le charbon pour produire de l’électricité écrit l’agence internationale de l’énergie dans son dernier rapport. Le coût de production de l’éolien en mer diminue aussi tous les ans significativement.

Or, plus les prix baissent et plus les investissements dans les énergies vertes vont augmenter. C’est un cercle vertueux qui est en train de se mettre en place durablement.

Les majors du pétrole, c’est donc fini ?

En ce début de siècle, une révolution industrielle chasse l’autre c’est indiscutable. Les géants du pétrole nés il y a plus de 100 ans vont-ils pour autant disparaître ? Ce n’est pas certain.

Leurs dirigeants sont bien décidés à passer d’une révolution industrielle à l’autre. Le pari est osé mais n’est pas impossible à relever, en tout cas chez les groupes européens.

A défaut de produire les pépites de la révolution technologique, notre vieille Europe a toujours démontré sa capacité à se transformer et à prospérer d’une révolution à une autre. Saint-Gobain avec ses 400 ans d’histoire est l’un des meilleurs exemples de cette agilité. Total saura-t-il devenir un champion des nouvelles énergies ? C’est en tout cas le souhait et la stratégie affiché par la major française.

La chronique Eco
3 min