Ce matin dans l’édito carré, le changement climatique affecte aussi les observations astronomiques.
Et pour en parler Nicolas je vous emmène dans l’un des lieux les plus fantastiques au monde. Destination la Cordillère des Andes au Nord du Chili à 2600 mètres d’altitude. C’est là au milieu du désert d’Atacama, tout près de l’océan Pacifique que se trouve l’observatoire européen austral du Cerro Paranal. En raison de son isolement et de la pureté du ciel, cet endroit particulièrement aride, représente l'un des meilleurs sites d'observation astronomique de la planète. Et il abrite notamment le Very Large Telescope (VLT), un ensemble de quatre télescopes avec des miroirs de plus de huit mètres de diamètre. Une installation futuriste qui en 2008 a servi de décor du James Bond « Quantum of Solace ».
Le VLT a pour objectif la collecter des informations sur les galaxies, la formation des étoiles ou les exoplanètes. Les chercheurs peuvent par exemple détecter la lumière émise par de jeunes planètes géantes et gazeuses à des distances de plus de 10 fois la distance Terre-soleil. Des observations rendues possibles grâce à des techniques d’optique très sensibles aux conditions atmosphériques. Malheureusement des physiciens et astrophysiciens ont observé que le changement climatique avait des impacts concrets sur les observations. Ils viennent de publier leurs résultats dans la revue Nature Astronomy.
Et que montrent-ils exactement ?
En collaboration avec des climatologues, des météorologistes spécialistes des régions arides des Andes et des chercheurs de l’atmosphère, ils ont analysé les mesures astro-climatiques enregistrées depuis quatre décennies sur ce site chilien. Et les résultats montrent une augmentation des températures de 1,5 degrés en 40 ans particulièrement visible depuis 2015 et qui est cohérente avec le changement climatique lié aux activités humaines. Or cette augmentation n’est pas sans conséquence pour les grands télescopes du VLT qui ont besoin d’être refroidis pendant la journée afin que la température reste la plus réduite possible lorsque le dôme s’ouvre au coucher du soleil. Les images pourraient à l’avenir être considérablement dégradées. Le réchauffement climatique pourrait aussi renforcer le phénomène El Nino et rendre la région plus humide, or certains instruments qui servent aux observations en infrarouge sont très sensibles aux propriétés atmosphériques et notamment la teneur en vapeur d’eau.
Mais alors comment lutter contre ces changements ?
Les auteurs de l’étude espèrent d’abord sensibiliser la communauté scientifique sur les effets et les conséquences immédiates du changement climatique. Mais ils concluent aussi que leur propre domaine de recherche doit s’adapter pour limiter les conséquences de ses activités sur l’environnement. Ce qui signifie concrètement de minimiser leur empreinte écologique dans la façon de faire de l’astronomie par exemple en prenant moins souvent l’avion pour des conférences ou déplacer les supercalculateurs utilisés pour l’analyse des données dans des pays comme l’Islande où l’électricité d’origine renouvelable est largement disponible.
Les modèles climatiques prévoient une augmentation de 4°C à Paranal au Chili d’ici la fin du siècle, une très mauvaise nouvelle pour ces observations si fondamentales pour comprendre les mystères de l’Univers. Nous y reviendrons cet AM dans la Terre au Carré.
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