Ce matin dans l'édito carré : comment nourrir la planète tout en polluant moins ?
En 2015, la FAO, l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture publiait un rapport sur l’état des ressources des sols à l’échelle du globe. C’est la première fois qu’une évaluation d’une telle ampleur était réalisée.
Les conclusions étaient accablantes en montrant que la majorité des sols étaient dans un état passable, mauvais ou très mauvais.
Aujourd’hui, 33 % des terres sont dégradées en raison de l’érosion, de l’acidification ou de la pollution chimique. Une menace pour la production agricole et la sécurité alimentaire. La gestion durable des sols fait donc figure de priorité pour répondre à au moins trois défis : nourrir la population mondiale qui ne cesse d’augmenter, protéger les écosystèmes et lutter contre le réchauffement climatique. Rappelons que selon le GIEC, l’agriculture et la déforestation sont responsables à elles seules d’un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Et comment répondre à ces enjeux ?
En 2008, 400 experts du monde entier issus de la communauté scientifique des agronomes avaient livré le fruit de quatre années de réflexion dans un document qui devait définir les voies à suivre de la recherche agronomique pour relever le défi alimentaire dans les prochaines décennies.
Ce document approuvé par 59 gouvernements a marqué un tournant en proposant une réorientation de l’agriculture autour des savoirs locaux et communautaires mais aussi en reconnaissant pleinement « l'agro-écologie" comme une solution d’avenir.
Sur quoi est basée cette pratique ?
Cette branche de l'écologie vise à diminuer les pressions sur l’environnement en adoptant des pratiques qui prennent en compte les équilibres de la nature et les services qu'elle rend en réduisant les intrants, c'est-à-dire toutes les ressources externes utilisées par l’exploitant comme les pesticides, engrais, antibiotiques mais aussi les carburants, l’eau d'irrigation et les aliments pour le bétail…
Cette discipline moins polluante et destructrice de biodiversité suscite beaucoup d’intérêt.
Sauf que revient toujours la même question : est-elle en mesure de nourrir 9 milliards de personnes à l’horizon 2050 ? A cette question l’agronome Marc Dufumier qui a été précurseur dans ce domaine répond à l’affirmative. Le plus important selon lui est d’accroître la valeur ajoutée à l’hectare c’est à dire de prendre en compte ce que l’on produit mais aussi ce que l’on détruit. Il pointe du doigt le système de production de l’agriculture conventionnel qui produit certes beaucoup mais qui détruit également énormément en utilisant des produits chimiques et des carburants fossiles.
Reste maintenant à susciter un intérêt massif du monde politique et agricole pour promouvoir ce modèle que certains présentent comme une révolution agricole et alimentaire en le soutenant par exemple au travers des aides de la Politique agricole commune (PAC).
Nous y reviendrons cet AM avec Marc Dufumier dans la Terre au Carré pour répondre à nos questions.
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