Le monde rêvé des villes en transition

L'autosuffisance alimentaire : l'une des initiatives mises en place par des citoyens dans leur ville
L'autosuffisance alimentaire : l'une des initiatives mises en place par des citoyens dans leur ville ©Getty -  vm
L'autosuffisance alimentaire : l'une des initiatives mises en place par des citoyens dans leur ville ©Getty - vm
L'autosuffisance alimentaire : l'une des initiatives mises en place par des citoyens dans leur ville ©Getty - vm
Publicité

C'est par le pouvoir de l’imagination que l’on peut imaginer un autre monde plus en cohérence avec les aspirations et les besoins de nos sociétés, estime Rob Hopkins, ancien professeur de permaculture et initiateur du mouvement international "Villes en transition". Explications.

Antanas Mockus s’est fait connaître du grand public en 1993 alors qu’il présidait l’Université nationale. Pris à partie par des étudiants, il avait baissé son pantalon et montré ses fesses à l’assistance, arguant qu’un comportement innovant peut être utile quand on ne sait plus quoi faire. Aussitôt viré de l’Université, sa soudaine notoriété lui a permis d’être élu maire de Bogota à la surprise générale en 1995 au terme d’une campagne pendant laquelle il s’est habillé en costume de "Super Citoyen" pour parcourir la ville. 

Dès sa prise de fonction, il s’est également filmé en direct dans sa douche pour convaincre ses compatriotes de réduire leur utilisation d’eau.  En parlant de son mandat de maire, Mockus a écrit 

Publicité

Voilà ce que j’ai appris : les gens répondent positivement à l’humour et à l’espièglerie de leurs politiciens. C’est l’outil le plus puissant dont nous disposons pour changer les choses.

C’est l’ancien professeur de permaculture Rob Hopkins et initiateur du mouvement international " Villes en transition" qui cite dans son dernier livre les mesures prises par Antanas Mockus. Hopkins affirme que c’est par le pouvoir de l’imagination que l’on peut imaginer un autre monde plus en cohérence avec les aspirations et les besoins de nos sociétés. Dans un contexte de "désespoir endémique nourri par la catastrophe climatique", écrit-il, "il est urgent d’imaginer des versions positives, réalistes et alléchantes de l’avenir". 

Il y a 11 ans, Rob Hopkins lançait avec des amis une expérience dans sa petite ville de Totnes (8500 habitants) en Angleterre en mobilisant les habitants pour agir face à l’inertie des politiques. Ce sont eux qui ont inventé le terme "transition" pour décrire l’acte délibéré de passer d’une société fragmentée caractérisée par l’utilisation intensive des ressources et par de fortes émissions de dioxyde de carbone, à une communauté à la culture plus saine, plus démocratique et à l’économie locale résiliente. 

Cette expérience à l’époque a dépassé toutes les attentes avec la création de potagers urbains, de coopératives de produits bio et même la création d’une monnaie qui s’est arrêtée depuis. En 2015, le film Demain de Cyril Dion et Mélanie Laurent propulsait l’idée de transition auprès du grand public.  

Et aujourd’hui où en est ce mouvement ?  

Le mouvement des villes en transition existe dans 50 pays avec des milliers de communautés qui ont imaginé de très nombreuses initiatives : 

  • autosuffisance alimentaire, 
  • principe de tirage au sort des citoyens pour prendre les décisions, 
  • fermeture des rues aux voitures afin de laisser les enfants occuper les espaces,
  • ...

Le cœur de ce mouvement, ce sont des initiatives qui partent des citoyens plutôt que des élus, qui manquent singulièrement d’imagination selon Rob Hopkins. Il déplore d’ailleurs les pouvoirs publics ne soutiennent pas cet activisme local comme ils soutiennent les grands groupes industriels.  

Rob Hopkins qui imagine un bureau de l’imagination citoyenne pour lutter contre la bureaucratie terne sera l’invité cet après-midi de la Terre au carré.