

Les vibrations horripilantes de ses ailes, le moustique - puisque c’est lui dont il s’agit - est capable de transformer nos nuits en véritable cauchemar.
Ce que vous entendez ce sont les battements des ailes d’une femelle : 400 à 2 300 battements par seconde pour signaler sa présence aux mâles. Alors même si vous êtes le témoin privilégié de cette douce parade amoureuse, je doute que ce soit suffisant pour calmer vos nerfs.
Il existe 3 500 espèces de moustiques à travers le monde mais seulement 15% d’entre eux ont besoin de notre sang pour étancher leur soif. Lors de la reproduction, la femelle moustique a besoin de protéines pour assurer sa descendance, et c’est en nous piquant qu’elle les trouve.
Leur salive entre en contact avec notre organisme et c’est là que les ennuis commencent puisque certains moustiques sont vecteurs de maladies. Parmi eux : Aedes albopictus le moustique le plus dangereux pour la France métropolitaine, où il est déjà implanté dans 58 départements. Ce moustique connu sous le nom de moustique tigre est vecteur de la dengue, de Zika ou du chikungunya, des maladies qui ne concernaient auparavant que les régions tropicales. Le risque sanitaire est donc pris très au sérieux par les autorités. Faut-il rappeler que les moustiques sont responsables à eux seuls chaque année dans le monde de la mort d’au moins 700 000 morts ?
Et qu’est ce qui explique la progression du moustique-tigre ?
Tout d’abord une capacité d’adaptation hors du commun. On parle de plasticité biologique. Il est ainsi parvenu à se développer dans les zones tempérées en profitant par exemple des grands axes routiers ou maritimes pour s’implanter sur de nouveaux territoires.
Le réchauffement du climat est aussi un accélérateur qui permet à ces insectes d’étendre leur aire de distribution. Plus il fait chaud et plus le cycle de développement de l’œuf à l’adulte se raccourcit.
Et comment peut-on se protéger de sa prolifération ?
C’est toute la difficulté car le moustique au fil du temps a développé une résistance aux insecticides. Afin de lutter contre les épidémies, l’inoculation de bactéries naturelles ou la stérilisation des mâles font figure de pistes sérieuses.
Mais faut-il vraiment souhaiter l’éradication totale de cet animal aussi pathogène et exaspérant soit-il ? Le moustique joue en effet un rôle majeur au sein de la chaine alimentaire en nourrissant un très grand nombre d’espèces comme les oiseaux ou les batraciens. Les larves filtrent également les écosystèmes aquatiques en se nourrissant de déchets et de micro-organisme.
Et puis enfin à l’instar des abeilles et des mouches, les moustiques sont des pollinisateurs qui permettent la fécondation des végétaux.
Leur éradication totale n’est donc pas forcément une bonne idée même si la lutte contre les épidémies reste évidemment une priorité.
Nous y reviendrons cet après-mdi dans la Terre au carré avec l’entomologiste Anna Bella Failloux.
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