Et super-coléoptère n’a rien d’un engin à hélices supersonique qui s’envole.
Super-coléoptère au contraire ne quitte jamais le sol désertique de l’Amérique du nord où il vit. Et c’est justement parce qu’il ne vole plus qu’il est doté d’un pouvoir incroyable : résister à tout ce qui lui passe dessus, y compris une voiture d’1 tonne et demi. Même son nom est digne d’un personnage fascinant : le « scarabée diabolique cuirassé », Phloeodes diabolicus, 2 cm à peine, aux allures de petit caillou noir, et donc sans ailes, depuis des millions d’années. Absence devenue clé de sa résistance.
Mais pourquoi cela ?
Et bien les élytres, qui renferment et protègent normalement les ailes des coléoptères, se sont soudées autour de la carapace, et forment avec le reste un système de jointures et de verrouillage élaboré, rigide, autoportant, sur plusieurs couches, comme un puzzle en 3D, qui redistribue la charge et permet, donc, de ne pas casser sous la pression. Et l’équipe de chercheurs américains et japonais qui le raconte, dans une étude de 18 pages publiée dans le magazine Nature, a fait une batterie de tests sur différents spécimens pour le prouver… Résultat : l’exosquelette supporte une force de 149 newtons, 39.000 fois son poids ! 39.000 fois c’est inimaginable… Autant vous dire que notre scarabée diabolique cuirassé ne prend même pas la peine d’aller se cacher quelque part en sentant venir le danger, il a la meilleure parade : faire le mort, tout simplement, et peut-être même ricaner en pensant à la tête de son prédateur quand il va tenter de le croquer – a priori ça peut faire mal aux dents.
D’ailleurs les entomologistes ont bien du mal à exposer ces insectes dans les collections, car en général l’épingle qu’on met vous savez pour les maintenir se retrouve pliée en 2 !
Mais ce super-coléoptère intéresse en fait surtout les ingénieurs en bio mimétisme, toute la technologie qui s’inspire du vivant, dont est spécialiste l’équipe à l’origine de l’étude… Sa découverte peut aider à faire de meilleurs joints dans l’aéronautique, avec des matériaux robustes mais qui ne rompent pas, des véhicules blindés, ou encore des drones résistants aux impacts, conçus, donc, à partir de cette carapace fantastique… Et il n’y a pas que celle de diabolicus… Sachez que la carapace irisée et striée de bandes vertes et argentées d’un autre scarabée, le Chrysina gloriosa, elle, inspire des physiciens du CNRS à Toulouse pour créer des matériaux sophistiqués pour l’optique. Je vous le dis : vraiment trop forts ces petits coléoptères !
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