

Evelyne Heyer est spécialiste en anthropologie génétique. Une discipline qui permet non seulement de faire parler l’ADN d’humains actuels mais aussi celui de nos ancêtres lointains.
C’est, par exemple, grâce à cette science qu’en 2010, des chercheurs de l’Institut Max-Planck ont découvert que nous, homo sapiens non africains, avions fricoté il y a 70 000 ans au Moyen-Orient avec Neandertal au point d’avoir hérité d’une mince portion de leurs gènes. C’est notre petit côté néandertaliens qui est caché secrètement au plus profond de nos cellules.
L’un des plus grands projets d’Evelyne Heyer a été de reconstituer l’histoire des peuples d’Asie centrale à partir de leur seul ADN. Mais cette recherche fait partie d’un travail encore plus vaste qui tente de répondre à une question : "comment l’Homme a t-il conquis la planète ?". Comment quelques Sapiens, pommés dans la savane, sont devenus l’espèce dominante en "seulement" quelques millions d’années ?
Et que nous apprennent les gènes sur cette épopée humaine ?
Et d’abord que l’intégralité des 7,5 milliards d’individus de la population humaine actuelle descendent tous de populations préhistoriques qui vivaient en Afrique. N’en déplaise à certains, nous avons tous des ancêtres africains ! C’est d’ailleurs au passage l’anthropologie génétique qui a permis de confirmer qu’il existait trop peu de différences génétiques entre les populations humaines pour que l’on puisse parler de "races".
On sait aussi que l’homme et le chimpanzé se sont séparés il y a environ 7 millions d’années et que le plus vieil ADN humain analysé à partir d’un os découvert sur un site préhistorique espagnol, date d’environ 400 000 ans. Un véritable exploit scientifique tant l’ADN se dégrade au fil du temps.
Régulièrement d’ailleurs, les analyses de l’anthropologie génétique font la Une de l’actualité.
Par exemple ?
En 2003, un article scientifique nous apprenait que 10% des Mongols actuels étaient les descendants de Gengis Khan. Cet Empereur impitoyable qui n’a pas chômé pour conquérir de nouveaux territoires, s’est aussi donné beaucoup de mal du côté de ses conquêtes amoureuses. Son succès reproducteur a été tel qu’il s’est transmis de génération en génération. On parle dans ces cas-là de patrilinéarité, ces sociétés organisées en lignage où chaque individu appartient à la même entité que son père.
Les analyses génétiques ont aussi permis de connaître d’où venaient les populations de navigateurs qui ont pris le risque de franchir la mer au péril de leur vie pour poser le pied en Polynésie il y a 3000 ans.
La recherche des origines généalogiques via l’ADN suscite une véritable fascination dans la population. Mais attention car elle peut dans certains cas réserver de très grosses surprises. C’est ce qu’a vécu le suprémaciste blanc Craig Cobb qui a découvert en direct sur un plateau de la télé américaine que 14% de son génome était d’origine africaine. La vidéo vaut le détour !...
Tout cela vous l’apprendrez dans L’Odyssée des gènes l’ouvrage d’Evelyne Heyer publié chez Flammarion. Elle viendra nous en parler cet AM dans la Terre au Carré.
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